Le mouvement sportif en émoi 

L’annonce d’une baisse drastique des moyens budgétaires dans le sport français a provoqué une onde de choc jusque dans la Vienne. Tous les acteurs s’inquiètent, s’interrogent et réclament des réponses.

Arnault Varanne

Le7.info

Comment décrocher 80 médailles aux Jeux Olympiques de Paris, en 2024, en baissant encore le budget du ministère des Sports dès 2019 ? Pour nombre d’acteurs du mouvement sportif tricolore, le paradoxe saute aux yeux. D’autant que les coupes franches ont démarré dès 2017. Cette fois, selon la lettre de cadrage adressée par Matignon, il devra économiser 30M€ et supprimer 1 600 postes de conseillers techniques sportifs (CTS) -jusqu’en 2022-, tous fonctionnaires dans les fédérations. Près de la moitié  des effectifs ! Ils sont 115 en Nouvelle-Aquitaine. « Qu’on veuille diminuer les effectifs OK, mais il faut à ce moment-là faire une croix sur les médailles », estime le président de l’EPA86. « A l’époque où j’étais athlète, poursuit l’ancien marcheur, le Poitou-Charentes comptait trois cadres techniques. Il n’y en a plus qu’un. On est à l’os. » 

Plus mesuré, Patrice Behague assure de son côté qu’« on ne peut pas supprimer des postes comme ça ». De fait, dans un entretien accordé à nos confrères de L’Equipe, le 11 septembre dernier, la nouvelle ministre des Sports, Roxana Maracineanu a assuré que « ce qui changerait pour les CTS, c’est leur statut : ils ne seront plus forcément fonctionnaires ». Le directeur du Creps de Poitiers ne perçoit donc rien d’autre qu’un « autre mode de gestion de ces emplois, qui questionne le fonctionnement du mouvement sportif »

Une mission de service public

Certes, mais comment les Fédérations pourraient-elles financer ces postes à l’avenir ? « Sauf à augmenter le prix des licences de 30€, je ne vois pas », tranche Didier Bizord, le président de la Ligue nationale de handball Nouvelle-Aquitaine. Il compte cinq « CTS » dans ses rangs, qui sont aujourd’hui « légitimement inquiets » sur leur avenir. Au fond, se pose la question de la gouvernance du sport, que l’exécutif entend réformer en profondeur.

L’intention de donner davantage d’autonomie aux collectivités et aux Fédérations est louable, mais le nerf de la guerre reste financier. Et sans le soutien de l’Etat… Dans cet emballement général, le directeur du Creps de Poitiers en appelle à réfléchir sur l’impact que ce « big bang » pourrait déclencher dans tous les champs de la pratique sportive (amateur, haut niveau, formation, recherche). « Si on va au bout de la démarche, on peut aussi se poser la question de l’existence du ministère à terme. » Pour Patrice Behague, l’essentiel reste de ne pas dégrader la mission de service public.

(*) Considérant que la France n’a remporté plus de 43 médailles qu’une seule fois dans son histoire, en 1900, avec un total de 101 médailles. 

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