Le castor reprend du poil de la bête

Porté disparu sur le département depuis des siècles, le castor a fait son retour depuis quelques années. Il progresse où son appétit le porte, en suivant les berges des cours d’eau.

Claire Brugier

Le7.info

Qu’ils en observent la progression avec bienveillance ou en redoutent la présence, tous reconnaissent en lui un travailleur acharné. Le castor est de retour dans la Vienne depuis la fin des années 2000 et l’animal semble s’y plaire. « Jusqu’au Moyen Age, il y en avait partout en France, rappelle Miguel Gailledrat, spécialiste ès castors au sein de Vienne Nature. Il a disparu à cause de l’homme, qui l’a chassé pour sa fourrure, pour le castoreum utilisé dans certains produits pharmaceutiques et aussi parfois pour sa viande. » Résultat, « il n’en restait qu’une petite population dans la vallée du Rhône en 1909 ».

Premier mammifère protégé dès 1964, avant même la loi de 1976 relative à la protection de la nature, le castor a été réintroduit dans la vallée de la Loire au cours des années 1970. L’animal bâtisseur a repris du poil de la bête. Il a déjà exploré la Vienne, la Gartempe, la Creuse, le Clain, l’Anglin, l’Auxance... « Et cet été, on a trouvé les premiers indices de sa présence, les « symptômes, au niveau de la Clouère », note Miguel Gailledrat. Par « symptômes », il faut entendre des coupes en crayon, des « réfectoires » où il entasse des branchages, ou encore de petits barrages destinés à lui assurer une hauteur d’eau minimale d’environ 50cm. « C’est un super gestionnaire des berges, il participe au recépage d’arbres comme les saules. »

Un impact économique

Même si le castor européen n’a pas la folie des grandeurs de son cousin canadien, ses ouvrages d’art ne font malheureusement pas l’unanimité. A défaut de « symptômes », du côté du syndicat des propriétaires forestiers Poitou-Charentes on parle franchement de « dégâts »,  car l’inoffensif animal (20 à 30kg à l’âge adulte) est particulièrement friand de salicacées (famille des saules, ndlr). Au grand dam des populiculteurs. Propriétaire d’une peupleraie sur les berges du Loir, le vice-président Patrick Mercier a accusé il y a deux ans la perte de quatre-vingt-dix peupliers, soit environ 1 000€ de dommages. Le populiculteur craint également les effets sur la filière du déroulage (panneaux de contreplaqué...) car « 45 % des industries de transformation se trouvent sur le territoire du Poitou-Charentes ».

En matières d’inondations, la Vienne a jusqu’à présent été épargnée. « Le seul cas qui pose problème se trouve au niveau d’une voie ferrée, entre Ingrandes-sur-Vienne et Châtellerault », constate Laurent Baratange, de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS). 

Selon les derniers indices, le castor« pourrait désormais se diriger vers la Vonne, explique Miguel Gailledrat. Il n’est pas encore arrivé en Charente car les trois barrages de L’Isle-Jourdain le bloquent. » A contrario il est parvenu à franchir celui de Châtellerault que Vienne Nature envisage d’équiper, en accord avec EDF, d’une rampe à castors.

Vous avez repéré un « symptôme » ? Signalez-le à Vienne Nature au 05 49 88 99 04.

 

 

 

 

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