Le Daim, sacré gibier

Film d’ouverture de la Quinzaine des réalisateurs au dernier festival de Cannes, Le Daim s’affiche désormais en salles. Toujours aussi barré, le dernier long-métrage de Quentin Dupieux est aussi peu accessible que fascinant, par son approche et sa vision du cinéma.

Steve Henot

Le7.info

Après une rupture difficile, Georges fuit sans compter les kilomètres en direction des montagnes pyrénéennes, où l’attend un… blouson à franges 100% daim, acheté 7 300€ ! Très vite, le manteau devient objet de fascination et même, un compagnon inattendu. L’homme et son vêtement nouent alors un lien aussi étonnant qu’exclusif. Ensemble, ils vont nourrir un drôle de projet : devenir des êtres uniques, regardés et admirés pour leur « style de malade ».

Hommage feutré aux films de série B, illustration à la fois déjantée et glaçante de la folie humaine, fable absurde sur la solitude, voire plaidoyer subtil pour la cause animale… En dépit de son minimalisme -d’action, de lieux et de personnages-, Le Daim pourrait avoir la prétention de raconter bien des choses. Mais par la mise en abyme qu’il opère avec le personnage de Georges, Quentin Dupieux invite ouvertement à ne pas surinterpréter son travail, qu’il réduit plus que jamais à une simple démarche de création artistique. Reste alors l’objet cinématographique, brut, à la trame et à l’image particulièrement soignées, dont le récit se montre parfois même intense et d’une épure salutaire. Après I Feel Good (lire le n°416), Jean Dujardin prouve, lui, qu’il excelle dans ces rôles d’hommes paumés à en être malades. Sur un fil, entre le thriller réaliste et la comédie froide, Le Daim exerce un pouvoir de fascination certain, même s’il en déroutera sûrement plus d’un. Au moins, le cinéma de Quentin Dupieux ne laisse pas indifférent.

Comédie de Quentin Dupieux, avec Jean Dujardin, Adèle Haenel, Albert Delpy (1h17)

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