Quand la terre tremble

En juin, deux séismes ont secoué la Vienne en moins de dix jours. Aussi étonnant que cela puisse paraître, ce phénomène est normal. Le département se situe sur une ligne de failles géologiques entre la Bretagne et le Limousin. Les bâtiments sensibles sont prévus pour résister.

Romain Mudrak

Le7.info

Le 13 juin, un premier tremblement de terre a surpris tout le monde au crépuscule. D’une magnitude de 3,3, il a été localisé tout près de Saint- Cyr. Huit jours plus tard, un autre séisme, plus fort cette fois (5,2), s’est produit au nord de Thouars. Comme pour le précédent, les témoignages sur les réseaux sociaux ont afflué, en provenance des Deux-Sèvres, de la Vienne, du Maine-et-Loire... Certains ont ressenti des vibrations, d’autres ont entendu comme un grondement, d’autres encore ont vu les lustres se balancer... Evidemment, rien à voir avec les images d’Haïti ou du Japon, mais le phénomène peut étonner. Et pourtant, lorsqu’on observe la carte de la sismicité de la France métropolitaine de 1962, date de référence pour la fiabilité des sismographes, à nos jours (notre illustration), on constate l’existence d’un long bandeau entre la Bretagne et le Limousin. « A cet endroit, se trouvait une chaîne de montagnes équivalente aux Alpes, il y a 300 millions d’années, explique Jean-Christophe Audru, directeur régional délégué du Bureau de recherches géolo- giques et minières (BRGM), en poste à Poitiers. Celle-ci s’est érodée mais elle existe toujours, à 140m sous nos pieds à Poitiers. Au fil des siècles, elle a été bousculée par la tectonique des plaques et des cassures sont apparues. » Aujourd’hui, l’océan Atlantique continue de s’élargir de quelques centimètres par an, l’Afrique remonte toujours vers l’Europe... Résultat, les anciennes fêlures sont sollicitées en permanence, ce qui pro- voque des mini-séismes comme ceux des 13 et 21 juin. CQFD.

La centrale nucléaire est parée
Alors, faut-il craindre un épisode aussi dramatique qu’en 1711, année où la citadelle de Loudun s’est effondrée ? Réponse : si on ne peut préjuger de rien, tout porte à se montrer résolument optimiste. D’abord parce que la répétition de petits événements prouve que l’énergie est régulièrement relâchée, ce qui est plutôt rassurant. Ensuite, il faut savoir que tous les bâtiments stratégiques sont conçus pour résister à ces contraintes. On pense immédiatement à la centrale nucléaire de Civaux... « Comme toutes les autres, elle a été dimensionnée en tenant compte de l’histoire sismique des lieux », souligne Jean-Christophe Audru.

Témoigner, c’est important !
On entend souvent parler de magnitude pour évaluer la force d’un séisme. Mais une autre échelle permet d’analyser l’impact d’un trem- blement de terre sur la population. La référence s’appelle EMS98. Elle va de I (secousse non ressentie, mais enregistrée par les instruments) à XII (changement de paysage, énormes crevasses dans le sol, vallées barrées, rivières déplacées...). Cette « intensité » est mesurée par des scientifiques sur la base -notamment- de témoignages recueillis sur le site du Bureau central sismologique français (franceseisme.fr). N’hésitez pas à raconter votre vécu lors du prochain phénomène.

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