Ils jouent aux échecs et apprennent les maths

Dans la Vienne, vingt-six classes de la maternelle au CM2 jouent aux échecs pour apprendre les mathématiques. L’initiative a vu le jour cette année, avec le soutien de la Fédération française d’échecs convaincue des vertus pédagogiques de ce... sport.

Romain Mudrak

Le7.info

A l’école Paul-Bert de Poitiers, les élèves de CE2 jouent aux échecs au moins une fois par semaine. « En début d’année, on a commencé par apprendre les déplacements des pièces, chacune ayant des valeurs différentes. Une façon d’aborder la numération et la géométrie, la position sur le quadrillage en deux et en trois dimensions. » Arnaud Eymery, enseignant aguerri et amateur d’échecs depuis longtemps, a tout de suite saisi les vertus pédagogiques de ce jeu « facile à apprendre ». Ce jeudi-là, il projette sur le tableau blanc un échiquier géant avec trois possibilités : la dame peut prendre le fou, le cavalier ou la tour peuvent s’emparer d’un autre pion... Agés en moyenne de 8 ans, les enfants chuchotent pour choisir la meilleure option. « Ils doivent déjà réfléchir au coup suivant, ce qui n’est pas évident à leur âge. On travaille la patience, la mémorisation, la tactique... Des compétences transversales très importantes », reprend le prof.

L’idée d’utiliser les échecs pour apprendre les maths est née d’une rencontre entre Johanna Basti et Jacques Brouleau. La première dirige la section scolaire de la Fédération française d’échecs. Le second est inspecteur pédagogique d’EPS au sein de l’académie de Poitiers. Rien d’étonnant jusque-là quand on sait que les échecs sont désormais reconnus comme un sport. « Par ailleurs, l’apprentissage des maths grâce au jeu correspondait bien aux préconisations du rapport Villani-Torossian », poursuit Isabelle Cholat, conseillère pédagogique en charge du numérique et des sciences. Cette année officielle de promotion des mathématiques semblait parfaite pour lancer Echecs et Maths. Une exclusivité de la Vienne.

Une partie sur Twitter
Vingt-six classes de la moyenne section de maternelles au CM2 ont très vite rejoint l’initiative. Mais Arnaud Eymery a ajouté une dimension à ce dispositif. Avec Mathieu Rollin et Elodie Bonnefoy-Cudraz, également enseignants, il a créé le réseau @Quotichess sur Twitter. Lequel permet d’affronter des écoles d’autres pays et de faire un peu de géographie par la même occasion. Depuis les dernières vacances, sa classe mène ainsi une partie d’échecs à distance contre des élèves de Saint-Antoine, dans la province du Nouveau-Brunswick, au Canada. « C’est à nous de jouer, qui a une idée ? », interroge le maître. Une flopée de petites mains se lèvent. Trois propositions sont formulées. « J’avance un pion pour dégager ensuite les mouvements de la dame », lance Lou. « J’insiste vraiment sur l’argumentation », note Arnaud Eymery. Finalement, la classe vote pour l’option proposée par Louise. Le cavalier blanc mange la tour. Les élèves dictent le message envoyé à l’adversaire. Et hop, un zeste d’orthographe en prime ! Le professeur est convaincu que ses élèves apprécient. La preuve, le Père Noël a déposé plein d’échiquiers sous le sapin cette année.

 

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