Des consommateurs de plus en plus locavores

Nouvelle série cette saison dans les colonnes du 7. La rédaction s’intéresse à toutes les initiatives qui participent à la préservation de la planète. Le troisième volet est consacré à l’alimentation, avec une appétence croissante pour les circuits courts.

Arnault Varanne

Le7.info

Depuis le début de l’automne, Marie-Sylvie et Gérard regardent leur réfrigérateur d’un œil nouveau. Le couple de retraités participe au 1er challenge Locavore, organisé par le Centre pour l’initiation à l’environnement (CPIE) du Seuil-du-Poitou. Comme lui, une trentaine de familles du Châtelleraudais enregistrent leurs achats sur un site ad hoc. Les produits fabriqués à plus de 200km ne rapportent aucun point, ceux entre 50 et 200km 5 points, ceux élaborés à moins de 50km, 10 points... Les produits estampillés bio rapportent des bonus... s’ils sont locaux.

« Nous avons toujours été sensibles à ceux qui cultivent la terre, admet Marie-Sylvie. Notre gendre revendique son statut de paysan. Participer à ce challenge, c’est quelque part nous mettre en cohérence. Manger et boire créent du lien social, j’en suis persuadée. Consommer local, c’est notre modeste contribution et une réponse à la mondialisation. » L’ex-enseignante le reconnaît, être locavore a « un coût » qu’elle n’aurait sans pu assumer « lorsque nos quatre ados étaient à la maison ». Des familles, L’Effet Bocal en accueille pourtant toutes les semaines depuis son ouverture, en mai 2017. L’épicerie poitevine profite de l’aspiration des consommateurs à manger mieux, sans déchet, local voire bio. D’où le vrac... et les bocaux. « Des clients très différents poussent la porte du magasin, reconnaît Mathilde Renaud, co-gérante de L’Effet bocal avec Maryse Baloge. Des étudiants, des salariés, des personnes âgées, des familles de toute la Vienne. »

Le prix, un élément parmi d’autres

L’épicerie zéro déchet a noué des partenariats avec 170 producteurs (1 500 références), essentiellement de l’ex-Poitou-Charentes. Les deux associées « ne négocient pas les prix » avec eux. « Certains produits en vrac sont moins chers que ceux proposés en supermarché », ajoute Mathilde Renaud, persuadée que le prix n’est qu’un élément de la décision chez les consommateurs. Marie-Sylvie nuance le propos. « 5€ les quatre tranches de jambon blanc chez un producteur local, c’est quand même une somme ! » Qu’elle consent à payer, qualité nutritive et répercussion sociale obligent.

Les deux cents coopérateurs du Baudet tiennent un raisonnement similaire. Depuis son ouverture à la rentrée 2017, le supermarché coopératif du centre-ville de Poitiers s’efforce de concilier produits de qualité et prix accessibles. « Nous sommes moins chers que des magasins fermiers ou de producteurs de 10 à 30% car nos marges sont réduites, remarque François Nivault, salarié du magasin, mais certains produits restent chers, surtout s’ils sont bio. La solution, c’est de développer la gamme, notamment pour toucher les habitants du quartier (Rivaud). » L’objectif du Baudet consiste à « arriver à 1 000 références », sachant que le vrac fera son entrée « dans quelques semaines ». Synonyme de militantisme, le locavorisme a de (très) beaux jours devant lui.

 

À lire aussi ...