Le défi du déconfinement

S’il est désormais acté que le confinement ne s’arrêtera pas le 15 avril, difficile de savoir quand se déroulera le retour en classe. Officiellement, il est prévu au mieux le 4 mai. En attendant, le ministre de l’Education nationale a dévoilé le scénario pour les épreuves du bac et du brevet. Sous réserve que la sonnerie de l’école retentisse avant septembre…

Romain Mudrak

Le7.info

« C’était la moins pire des solutions. » Le constat est largement partagé par les syndicats de personnels de l’Education nationale dans la Vienne. Le ministre Blanquer a annoncé vendredi dernier que les épreuves finales du bac et du brevet 2020 étaient supprimées. Ces diplômes seront délivrés sur la base du contrôle continu des connaissances. Autrement dit, les notes déjà obtenues et celles du troisième trimestre. En revanche, les évaluations menées à distance pendant la période de confinement ne compteront pas. « C’était la meilleure décision à prendre car les sujet sont validés en février-mars, confirme Yannick Thévenet, proviseur du lycée Berthelot à Châtellerault et représentant du Syndicat des personnels de direction dans la Vienne. L’ensemble du programme ne sera pas vu de la même façon par tous les candidats. » Reste un défi : s’assurer que le bac 2020 conserve sa dimension nationale. « Les notes obtenues en contrôle continu seront soumises à un jury d’examen du livret scolaire qui jouera un rôle d’harmonisation entre les établissements », insiste la rectrice de l’académie de Poitiers, Bénédicte Robert, dans un entretien accordé au 7. 

Le ministre de l’Education nationale a détaillé les modalités du contrôle continu pour les élèves de 3e, de 1re et de Terminale. Mais ce scénario résistera-t-il au Covid-19 ? « Les conditions sanitaires permettront-elles, par exemple, l’organisation de l’épreuve orale de français qui a été maintenue », interroge Alain Héraud, secrétaire académique du Snes-FSU. La question reste posée.

"On creuse les inégalités"

Officiellement, le retour sur les bancs de l’école est toujours prévu au mieux le 4 mai, autrement dit à la fin des vacances de printemps pour la zone A. Tout le monde le souhaite du côté des enseignants. La continuité pédagogique est assurée, mais les élèves les plus fragiles ont du mal à suivre. « Les enseignants et la vie scolaire font des efforts mais certains facteurs nous échappent dans les familles », souligne Yannick Thévenet. D’autres enseignants évoquaient déjà ces difficultés il y a quelques semaines. Le suivi des élèves est un véritable « enjeu en termes de décrochage scolaire » pour la rectrice. Jean-François Roland, de l’Unsa-Education, note de son côté que « les collègues passent un temps fou à fabriquer de nouveaux contenus d’enseignement à distance et à garder le contact avec les élèves. » Des dispositifs ont été mis en place avec La Poste et des commerçants de proximité. Dans l’académie, 47 000 élèves (1 sur 6)  ont créé un compte sur la plateforme Ma Classe à la maison du Cned. Pour autant, près de 6 000 élèves (sur 296 000) n’ont pas donné signe de vie depuis le début du confinement.

« Le présentiel est indispensable pour aborder de nouvelles notions. Là, on creuse les inégalités », estime Alain Héraud. « Quoi qu’il arrive, il faudra reprendre en cours tout ce qui a été fait pendant le confinement, poursuit Yannick Thévenet. Il n’y aura donc pas d’évaluation avant au moins trois semaines. » Même si le ministre souhaite utiliser à fond le mois de juin en poursuivant réellement les cours, cette fois jusqu’au 4 juillet, le troisième trimestre risque d’être très court. Dans ce contexte, la prochaine rentrée se prépare déjà. Et à ce titre, les syndicats saluent la création (inattendue) de 52 postes d’enseignants dans le premier degré, tandis que d'autres attendent des mesures similaires pour les collèges et les lycées.

 

Cned : Ma classe à la maison en chiffres
Dans l’académie, 8 900 enseignants sur près de 22 000 ont adopté la plateforme Ma classe à la maison du Cned. Beaucoup, surtout dans le premier degré, conseillent ses contenus à leurs élèves sans pour autant utiliser l’option de classe virtuelle. 47 000 élèves ont créé un compte sur 296 000 potentiellement concernés. « Le Cned est surtout un outil de consolidation des connaissances », indique la rectrice Bénédicte Robert. Autrement dit de révisions. Difficile d’aborder de nouvelles notions à distance pour l’instant. Les enseignants n’ont pas été formés en amont à ces nouvelles modalités. De leur côté, les élèves, même accrocs aux écrans, ne sont pas encore habitués à les utiliser pour apprendre. Si le retour en classe s’effectue le 4 mai, il faudra donc revenir sur les notions vues pendant le confinement histoire de s’assurer que tout le monde est au même niveau.

 

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