Ecole/Déconfinement : les élèves sous observation

A partir du 12 mai, les élèves de la Vienne reprendront le chemin de l’école. Mais pas tous, car les collectivités et les équipes pédagogiques disposent d’une certaine autonomie dans l’organisation de cette « rentrée ».

Romain Mudrak

Le7.info

Le plan de reprise de l’activité annoncé par le Premier ministre mardi suscite de nombreuses interrogations. Notamment concernant l’Ecole. La stratégie globale repose sur des recommandations sanitaires afin d’éviter la propagation du Covid-19 : gestes barrières, distanciation physique, pas plus de quinze élèves par classe, masques obligatoires pour le personnel et les enseignants mais pas pour les élèves. Un protocole sanitaire national d’une soixantaine de pages sera publié demain. Pour le reste, le gouvernement fait confiance aux élus locaux et aux équipes pédagogiques.

Tous les niveaux de l’école primaire pourront faire leur rentrée dès le 12 mai, mais cela dépendra des locaux, du nombre d’enseignants présents et des effectifs puisque l’école restera « sur la base du volontariat ». A Poitiers par exemple, seuls les CP, CM2 et grande section de maternelle seront accueillis dans un premier temps. Partout dans la Vienne, les directeurs d’école contacteront les parents la semaine prochaine afin d’obtenir une vision fine du nombre d’élèves. Les enfants prioritaires resteront ceux dont les parents sont soignants et travaillent pour les forces de l’ordre.

« Pas d’école à plein temps »

« Dans la majorité des cas, l’enfant n’ira pas à l’école à plein temps », estimait dès mardi soir Jean-Michel Blanquer. « Beaucoup de souplesse locale » sera laissée à l’organisation du temps scolaire. Les élèves iront-ils à l’école un jour sur deux ou les semaines impaires ? Impossible à dire pour l’instant. Pour la cantine et les activités périscolaires, les élus se disent globalement prêts à imaginer des solutions sur mesure. Le président de l’Association des maires de la Vienne a échangé hier avec le Directeur académique des services de l’Education nationale (Dasen) et la préfète. « Nous avançons ensemble dans ces moments difficiles, abonde Alain Pichon. Le pragmatisme, il vient du terrain. »

Double journée pour les enseignants ?

Quid cependant des enfants restés à la maison ? « Les enseignants n’assureront pas en même temps la continuité pédagogique à distance et dans la classe », prévient déjà Jean-François Roland, secrétaire régional de l’Unsa-Education. Son syndicat est prêt à reprendre le chemin de la classe « si les conditions sanitaires sont respectées ». Et sur ce point, le pouvoir de décision accordé aux équipes locales semble le rassurer. Pour le Snuipp-FSU 86, « on ouvre d’abord les classes des élèves qui ne peuvent pas se garder tout seuls afin que leurs parents puissent retourner travailler ». Gilles Tabourdeau, secrétaire départemental, s’interroge toujours sur les conditions d’application de la distanciation physique, surtout avec les plus petits. Un Comité d’hygiène et de sécurité des conditions de travail (CHSCT) avec la rectrice Bénédicte Robert sera entièrement consacré à la reprise des cours le jeudi 7 mai, à Poitiers.

Masque ou pas masque dans les transports scolaires ?
Les bus scolaires seront autorisés à circuler à partir du 11 mai. Mais les élèves devront-ils obligatoirement porter un masque ? Mardi dernier, le Premier ministre a répondu : "Le port du masque sera obligatoire pour les chauffeurs et les élèves à partir du collège." Problème, certains cars sont fréquentés à la fois par des collégiens et des écoliers du primaire qui n'ont pas l'obligation de garder le masque... "Nous ne sommes pas à une contradiction près, relève Renaud Lagrave, vice-président de la Région en charge de la question. Ce n'est pas à la Région de trancher. A partir du 18 mai (la rentrée des 6e et 5e, ndlr), il y aura de la cohabitation dans les transports scolaires." La mesure de distanciation physique, impliquant un siège libre entre deux passagers, a aussi surpris l'élu. Pour autant, il n'y aura pas de tournée supplémentaire dans l'immédiat car seuls 60 000 à 80 000 élèves circuleront dans un premier temps, contre 200 000 à plein régime.

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