L'immobilier prêt pour l'après

A l’arrêt complet ou presque pendant deux mois, le secteur de l’immobilier attendait avec impatience l’heure du déconfinement. Cet épisode inédit a laissé des traces chez les professionnels comme chez les particuliers.

Claire Brugier

Le7.info

Après deux mois d’abstinence, le monde de l’immobilier reprend vie. Dans les agences, les téléphones sonnent, les mails pleuvent, les visites s’organisent. « On entend dire que le marché va s’effondrer, c’est faux, assène Thierry Emelina, agent mandataire Expertimo. Nous avons été à l’arrêt complet pendant deux mois mais les acheteurs étaient en attente. L’immobilier reste une valeur refuge. »

La même assertion revient dans la bouche du président de la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim) Charente-Vienne-Deux-Sèvres. «Toute la partie transaction-location a été à zéro pendant le confinement, confirme Benjamin de Tugny, hormis pour certains confrères qui avaient des négociations en cours. » Pour ceux-ci, la signature électronique s’est révélée précieuse. Pour tous, la crise a mis en évidence les atouts du numérique. « Nous avions les outils mais, pour la plupart, nous ne les utilisions pas complètement ou pas bien. Pour les petites structures, c’est l’occasion de paramétrer des logiciels pour travailler à distance, mais aussi de mettre à disposition de nos clients de nouveaux outils. Attention, les visites virtuelles ne signifient pas que l’on se coupe de la clientèle, l’immobilier est basé sur de vraies relations humaines. Mais elles permettent de passer plus de temps bénéfiques avec les clients. » Des clients qui ne se sont pas dissous dans la crise.

Les acheteurs au rendez-vous

Bien au contraire, l’expérience du confinement pourrait avoir créé une frustration profitable au secteur, malgré l’amorce d’une hausse des taux, « de 0,2 point », note Magalie Mue (Mue Conseils et Financements). « Pendant le confinement, les gens ont recherché en ligne des biens et ont effectué des calculs pour voir si leur projet était réalisable. » Néanmoins ils devront sans doute ajuster leurs calculs et tenir compte du rappel à l’ordre qu’ont essuyé les banques en début d’année. Le Haut comité à la stabilité financière leur a en effet rappelé les conditions d’octroi d’un prêt aux particuliers, notamment le respect de 33% d’endettement et des durées n’excédant pas 25 ans.

Une chose est sûre, l’expérience du confinement a sensiblement modifié la nature de la demande. « Beaucoup de personnes vivant en appartement sont désormais à la recherche d’un bien avec un petit bout de jardin (lire p. 10), constate Thierry Emelina. Cela pourrait se traduire par une baisse sur les appartements et une hausse sur les maisons avec un espace extérieur. » Soit, l’un dans l’autre, un rééquilibrage du marché, sans fluctuation majeure des prix. « En général, les prix montent en période de croissance économique. Depuis deux-trois ans, le marché était extrêmement stable, voire avec une tendance légère à la hausse pour Poitiers, analyse Benjamin de Tugny. Dans un premier temps, la crise risque de ramener du stock, ce qui, dans certaines catégories de biens, pourrait provoquer une baisse des prix. » Mais hormis des retards purement administratifs, résume Thierry Emelina,« le Covid-19 n’a pas révolutionné l’immobilier. »

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