A l’école coûte que coûte ?

L’objectif de l’Education nationale est de faire revenir 100% des élèves à l’école avant la fin de l’année scolaire. Mais des flux importants sont incompatibles avec le protocole sanitaire. Quelques alternatives sont envisagées.

Romain Mudrak

Le7.info

Le protocole sanitaire établi par le ministère de l’Education nationale impose de fait un nombre limité d’élèves par école. Entre la distanciation physique et le temps incompressible de nettoyage des salles de classe, impossible d’accueillir des effectifs complets dans l’immédiat. Alors quid de la montée en charge du nombre d’élèves accueillis dans les prochaines semaines ? On le sait, la fin de l’indemnisation du chômage partiel annoncée et le déconfinement progressif de tous les secteurs d’activité devraient inciter les parents à renvoyer massivement leurs enfants à l’école à partir du 2 juin. « Il va y avoir des demandes assez fortes avec des tensions dans certains établissements scolaires, pronostique le maire de Poitiers, Alain Claeys. Les directeurs et directrices nous demandent à qui donner la priorité. Ils vont être confrontés à des choix. » Et d’ajouter : « On ne sera pas capable d’accueillir tout le monde au même moment tant que la charte sanitaire ne sera pas modifiée. »

15, un effectif très théorique

A priori, un allègement du protocole sanitaire n’est pas prévu par le gouvernement. Alors une première piste est avancée par la rectrice Bénédicte Robert : « Sur l’académie, 22% des élèves sont accueillis. Il faut travailler sur le calcul de la capacité maximale des établissements. Chaque enseignant en présentiel (73% dans la Vienne la semaine der- nière, ndlr) doit pouvoir prendre en charge quinze enfants. Ainsi on devrait pouvoir tendre vers un taux d’accueil de 40%, ce qui résoudrait une partie du problème. » Certes, mais chacun se rend compte que ce chiffre de quinze est un effectif théorique qui ne résiste pas aux réalités du terrain. A l’école Alphonse-Daudet de Poitiers, par exemple, seulement dix tables sont alignées dans cinq salles. Au maximum, cinquante élèves pourraient donc être accueillis simultanément, soit un tiers de l’effectif habituel.

Le principe de rotation

Dans la Vienne, l’Education nationale travaille d’arrache-pied avec les collectivités pour mettre en place le fameux dispositif « 2S2C ». Autrement dit des activités « sport, santé, culture, civisme » sur le temps scolaire mais en dehors de l’école. Qui les animera ? Où ? Cela dépend des communes et de leurs moyens. Une chose est sûre, les « 2S2C » ne pourront pas absorber tous les élèves privés d’école. La solution pourrait se résumer en un mot : rotation. Deux jours d’école, deux autres en « 2S2C ». Plus que jamais, les parents devront compter sur la famille et les amis pour pallier les creux. « Les employeurs devront aussi rester attentifs à ces situations », plaide la rectrice. Avant d’ajouter : « L’un des objectifs est que d’ici la fin de l’année scolaire, 100% des élèves aient pu revenir à l’école quelques jours, pour qu’ils partent en vacances avec un souvenir de l’école qui ne date pas de six mois. » Pour l’instant, l’urgence consiste d’ailleurs à convaincre leurs parents de l’utilité d’un retour à l’école.

Second degré : Phase 2 en approche
Retour des 4e et 3e, rentrée des lycéens, oral de français... Le gouvernement devrait répondre à de nombreuses attentes cette semaine.

A Chauvigny, la réouverture des écoles et du collège Gérard-Philipe aura bien lieu cette semaine. Prévue le 12 mai, la rentrée avait été décalée après la détection de cinq cas de Covid-19 dans deux établissements de la commune. La période de quatorzaine passée, tout est prêt désormais pour accueillir les élèves, qui risquent d’être peu nombreux dans les premiers jours. Dans les 33 autres collèges de la Vienne, les 6e et 5e entament leur deuxième semaine de cours. Concernant la rentrée des 4e et 3e, ainsi que des lycéens, le gouvernement précisera ses intentions en milieu de semaine. On parle pour l’ins- tant du 2 juin mais sans aucune garantie.
Ce n’est un secret pour personne, le cru 2020 du baccalauréat sera largement perturbé par le Covid- 19. Le diplôme sera validé à partir des notes du livret scolaire. Seule épreuve maintenue, l’oral de français devrait avoir lieu à la fin juin. Sauf si le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer revient sur sa décision. Environ 12 000 élèves de 1re sont concernés dans l’académie. Et pour eux, la tension monte d’autant plus qu’ils ont dû beau- coup travailler seul malgré les efforts des enseignants. Une bonne partie des douze textes au programme de l’épreuve n’ont pas été décryptés en classe de la meilleure des manières. La quasi-totalité des syndicats de professeurs du secondaire réclament d’ailleurs l’annulation de ces épreuves anticipées.
Et ParcourSup dans tout cela ? Le calendrier initial a été conservé. Le 10 avril, la rectrice Bénédicte Robert indiquaient dans nos colonnes que « quasiment 100% des élèves de lycées général et technologique avaient déjà confirmé leurs vœux ». Ils recevront leur réponse cette semaine.

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