Ecole : les directeurs « essorés »

Ils sont particulièrement sollicités depuis le début de la crise sanitaire... Six mois après le suicide de Christine Renon, en Seine-Saint-Denis, l’Assemblée nationale étudie cette semaine une loi précisant la fonction des directeurs et directrices d’école. Une reconnaissance pour certains. Une « caporalisation » pour d’autres.

Romain Mudrak

Le7.info

Le texte de loi que les députés étudient cette semaine a vocation à répondre à « l’appel au secours » lancé par les directeurs d’école. Souvenez-vous, le 23 septembre dernier, Christine Renon mettait fin à ses jours dans son école maternelle de Pantin, en Seine-Saint-Denis (Le 7 n°462). Dans un courrier, elle établissait clairement un lien entre son acte, sa surcharge de travail et le manque de reconnaissance. Depuis, la crise sanitaire liée au Covid-19 n’a rien arrangé. Mais elle a mis en lumière le rôle si particulier des directeurs.

Planning, protocole sanitaire, permanence... Sans oublier le mécontentement des parents pressés et la crainte des autres. Pour tous, le confinement, la continuité pédagogique et la reprise progressive ont constitué une charge supplémentaire de travail. « Les décisions ont toujours été prises dans l’urgence, les collègues sortent de cette période essorés », assure Stéphane Bocquier, du SE-Unsa, lui-même directeur d’une école de onze classes.

Directeur vie scolaire

Alors, que dit ce texte de loi ? En résumé, il prévoit une décharge totale d’enseignement pour les directeurs d’école de plus de huit classes, une formation préalable et une revalorisation de l’indemnité de 150 à 300€ bruts. Côté mission, le projet supprime l’obligation d’organiser l’élection des représentants de parents d’élèves lorsqu’il n’y a qu’une seule liste et confie l’actualisation du Plan particulier de mise en sûreté (PPMS) à « des personnels compétents en matière de sécurité ». En revanche, pour les emplois d’aide à la direction réclamés depuis des années par les syndicats, il faudra compter sur la bonne volonté des mairies. « Ce texte reconnaît nos missions et met en face du temps, de l’argent et de la formation. Il contient de réelles perspectives d’amélioration », estime Stéphane Bocquier. Qui regrette toutefois que « les petites écoles soient oubliées » et que le financement, fondé sur la taxe sur le... tabac, ne soit pas pérenne.

Dans chaque département, un « directeur vie scolaire » verra le jour, comme dans le second degré, pour éclairer rapidement les autres sur des questions juridiques et pratiques. Cette proposition de loi crée réellement « l’emploi fonctionnel » de directeur d’école, ce qui est censé lui octroyer plus de pouvoir décisionnaire dans les débats qui impliquent les enseignants et les agents municipaux. Suffisant pour que le Snuipp-FSU, résolument opposé à toute autorité hiérarchique des directeurs, qualifie ce projet de « caporalisation » de la fonction.

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