Numérique : La continuité pédagogique passée au crible

Techne, le laboratoire poitevin spécialisé dans le numérique éducatif, étudie depuis le 16 mars comment enseignants, élèves et parents ont gardé le contact pendant et après le confinement afin d’assurer la fameuse continuité pédagogique.

Romain Mudrak

Le7.info

Nom de code : Nunc ! Autrement dit, Nouveaux usages du numérique et continuités. Dès le 16 mars, l’équipe du laboratoire poitevin Techne a lancé un projet de recherche sur la continuité pédagogique dans cette période si particulière. « Nous avons très vite senti que le confinement allait poser la question de la place du numérique dans les apprentissages, ce qui constitue le cœur de nos travaux depuis longtemps », indique son directeur, Jean-François Cerisier. Les technologies numériques pour l’éducation, c’est la spécialité reconnue de Techne. Autant dire que le Covid-19 a offert à ces chercheurs un terrain d’étude grandeur nature. L’objectif général consiste à « comprendre les réalités et les enjeux des pratiques d’enseignement et d’apprentissage utilisant le numérique », qui se sont mises en place pendant et après le confinement. Pour cela, la vingtaine de chercheurs et de doctorants impliqués a recours à des méthodes scientifiques rigoureuses. Six écoles, collèges, lycées ont été identifiés autour de Poitiers. On les appelle des « clusters Nunc ». Dans chacun d’eux, plusieurs entretiens ont été -et sont encore- réalisés avec deux enseignants, deux élèves, deux familles. Sans oublier le chef d’établissement. Un questionnaire a également été largement diffusé au niveau national. Enfin, deux experts effectuent en permanence une veille sur Google et Twitter pour repérer les principales occurrences sur le sujet et donc les préoccupations des acteurs.

Inégalités scolaires

Les trois axes de recherche sont détaillés sur le site Internet du laboratoire. « En résumé, il s’agit d’abord d’identifier quelles ressources ont été utilisées, qui les a proposées, comment elles ont été sélectionnées, reprend Jean-François Cerisier. Ensuite comment les élèves se sont constitué leur propre environnement personnel d’apprentissage, lieu, matériel... » On pense à la plateforme de chat pour gamers Discord, détournée de sa vocation par certains groupes. L’usage de « Ma classe à la maison », créée par le Cned, est aussi scruté. Dans ses premières conclusions, le chercheur estime que si le numérique est apparu comme un « remède à la distance physique », il a été « un poison pour les inégalités scolaires ». Il voit néanmoins deux constats positifs : la place indispensable des parents et l’émergence de collectifs d’enseignants. « J’espère que ces deux points seront pris en compte par le ministère au moment de faire le bilan. » Rendez-vous aux Etats généraux du numérique pour l’éducation, prévus en novembre à Poitiers.

A lire aussi la série d'articles publiée par Jean-François Cerisier sur le site The Conversation, à commencer par Faut-il renoncer au numérique pour l’éducation ?

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