Lorsqu’elle s’est convertie à l’encadrement d’art, la Naintréenne Françoise Paré-Daviaud n’avait pas imaginé tous les aspects de ce métier plutôt confidentiel et très technique.
De sa voix douce et posée, Françoise Paré-Daviaud pose le cadre. « Nous ne sommes pas très nombreux. » Doux euphémisme. L’encadrement d’art est un petit monde de passionnés, longtemps formés à Paris au sein de la grande famille des Arts décoratifs. Derrière les hauts murs du musée Nissim-de-Camondo, la Naintréenne a découvert et approfondi son art. Aujourd’hui, l’école a fermé et le CAP dédié est l’apanage des CFA de la Bonne Graine, à Paris, et de la SEPR à Lyon.
Françoise Paré-Daviaud est consciente d’appartenir à une espèce rare. Mais rare ne veut pas dire menacée. « Il y a toujours de la demande », rassure la professionnelle, même si, glisse-t-elle sur le ton de la plaisanterie, « personne ne fait fortune ». Avant de se lancer dans cette aventure, Françoise Paré-Daviaud a connu une autre vie, auprès de malades d’Alzheimer, dans la région lyonnaise. « Parallèlement j’étais aquarelliste. » Sans doute un héritage de son père, qui aimait dessiner. « Quand je revenais sur Naintré, je donnais à encadrer mes aquarelles à Châtellerault. J’ai remar- qué que l’encadrement ajoutait à mon travail, alors je m’y suis intéressée et j’ai tenté le concours des Arts décoratifs. » Et ô surprise, « je me suis trouvée piégée car je l’ai réussi ! ».
Deux années de formation plus tard, la quadragénaire installait son atelier Les Métives sur les hauteurs de Naintré, volontairement à l’écart de toute vie urbaine, et se lançait dans la formation professionnelle.
A l’écoute
Pendant dix ans, Françoise Paré-Daviaud a enseigné le dessin d’ornement, puis elle s’est recentrée sur l’encadrement. « On travaille au millimètre, il faut être précis et méticuleux. Face à une œuvre, on doit tenir compte du travail de l’artiste, de la technique utilisée à l’époque, de l’endroit où elle va être exposée... C’est pour cela que les rendez-vous durent souvent une heure. C’est à la fois la rencontre avec une personne et avec une œuvre qui continuera son parcours après. »
Mais ce n’est pas tout. « Les gens présentent souvent les œuvres ou objets qu’ils veulent encadrer comme « des petites choses » alors qu’elles ont une grande valeur affective. L’un des plus beaux compliments que l’on m’ait fait vient d’un client qui m’a dit : « Je savais que ça allait me plaire, vous savez écouter » », raconte la professionnelle avec gratitude. Cette dimension humaine, Françoise Paré-Daviaud la ressent particulièrement lors de ses ateliers, « d’une à deux personnes, pas plus », prévient-elle. « Je n’avais pas vu cet aspect au départ, je ne suis pas art thérapeute. Mais c’est la grande leçon de ces vingt dernières années. Je ne pensais pas non plus aller aussi loin... » L’artisane n’imaginait pas voyager en Pologne, au Sultanat d’Oman... Loin des salons qu’elle délaisse au fil du temps, s’en remettant au bouche-à-oreille.
Peintures, aquarelles, pastels, découpages, coiffes, photos, drapeaux... « Toutes les techniques passent par ici. » A travers chaque œuvre ou objet, Françoise Paré-Daviaud encadre une petite histoire et elle effleure parfois la grande, comme avec ce bouquet d’immortelles cueillies sur la tombe de Napoléon à Sainte-Hélène.