Nos amis les serpents

Ils terrorisent autant qu'ils fascinent. Sortis de leur période d'hibernation en plein confinement, les serpents traversent régulièrement nos routes et chemins ces dernières semaines. L'occasion d'apprendre à mieux les connaître.

Steve Henot

Le7.info

Une rencontre rare. Alors qu'il revenait de Poitiers par la nouvelle piste cyclable, Jean-Luc Herpin s'est retrouvé nez à nez avec une couleuvre « de taille remarquable » qui s'apprêtait à traverser devant lui.  Ni une ni deux, cet habitant de Mignaloux-Beauvoir a signalé la présence du reptile auprès de Vienne Nature afin de le préserver de toute menace, notamment humaine. « Il y a fort à parier que des « citadins promeneurs du dimanche », peu enclins aux surprises de la nature, soient effrayés par cet animal rampant et soient tentés de le tuer », craint-il.

En France, tous les serpents sont pourtant protégés depuis une loi de 1976. Certaines espèces sont menacées comme la couleuvre vipérine et la vipère, historiquement présentes sur notre territoire. « Cela s'explique par de nombreux facteurs tels l'arrachage des haies, la destruction des zones humides, le développement de nouvelles pratiques agricoles, l'urbanisation..., énumère Miguel Gailledrat, coordinateur à Vienne Nature. Les serpents ont pourtant un rôle bénéfique dans la chaîne alimentaire. Ils se nourrissent de petits rongeurs et contribuent ainsi à la limitation des maladies. Et ils sont également une proie pour l'aigle. »

Difficiles à observer

Dans le département, on compte un total de cinq espèces de couleuvres et une de vipère. Elles sont toutes sorties de leur période d'hibernation à la fin du mois de mars. Comme pour d'autres espèces, la baisse de l'activité humaine liée au confinement leur a été profitable, favorisant les accouplements et par ailleurs, leur observation. Dans les Landes, l'association Cistude Nature a ainsi noté une augmentation significative des appels de particuliers sur la ligne SOS Serpents d'Aquitaine, ces dernières semaines.

Les reptiles n'en restent pas moins des animaux discrets, d'autant plus par de fortes chaleurs. « Quand il fait trop chaud, il faut se lever tôt pour les observer. » D'où la difficulté pour les associations comme Vienne Nature de quantifier leur présence dans le département et ainsi, de mesurer avec précision l'évolution des effectifs dans le temps. Restent que des diagnostics écologiques sont régulièrement effectués, par la pose d'abris à serpents sur une vingtaine de sites.

Impressionnantes, les couleuvres restent toutefois inoffensives pour l'homme. Si elle n'est pas toujours grave, la morsure d'une vipère peut entraîner des gonflements et des complications cardiovasculaires et respiratoires. « Dans ce cas, il faut aller aux urgences ou voir un médecin, sans paniquer. » S'il a généralement mauvaise presse auprès du public, « le serpent a plus peur que nous », assure Miguel Gailledrat. Pour mieux le connaître, Vienne Nature organise des sorties pédagogiques à la découverte des reptiles. « Elles sont toujours rapidement pleines. Les serpents font peur et suscitent beaucoup de curiosité à la fois. On essaye de montrer aux gens que couleuvres et vipères ne sont pas dangereuses. »

Samedi à 17h, découverte des reptiles avec Vienne Nature. Gratuit. Lieu de rendez-vous donné sur inscription, bottes obligatoires. Renseignements et inscriptions au 05 49 88 99 04.

DR- Miguel Gailledrat/Vienne Nature

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