Ils le sont déjà dans de nombreux lieux publics et, à partir du 1er septembre, les masques seront obligatoires en entreprise. Et après ? Plaxtil a imaginé une solution de recyclage.
Au mois de mars, un consortium interdisciplinaire de laboratoires et d’industriels français a été missionné pour trouver un processus de traitement permettant la réutilisation des masques, face à la pénurie des débuts. Désormais ils sont disponibles en quantité, mais que deviennent-ils après usage ? « Après le confinement, nous nous sommes aperçus que l’on voyait des masques partout, tout le monde en portait, on en trouvait dans les poubelles, dans les rues... Et que la crise sanitaire allait créer une crise écologique, explique Olivier Civil. Or, nous avions la solution de recyclage. » L’an dernier, avec Jean-Marc Neveu, par ailleurs directeur de l’entreprise de plasturgie CDA à Châtellerault, il a en effet créé Plaxtil (Le 7 n°458). La startup a mis au point un process de recyclage des vieux textiles « dans une logique d’économie circulaire » pour, par exemple, que les déchets textiles reviennent aux groupes de prêt-à-porter sous forme de cintres ou d’éléments de merchandising.
« Qu’une goutte d’eau »
Pour les masques, la logique est identique avec, de surcroît, un volet décontamination confié à UVMOBI, une startup parisienne spécialisée dans la désinfection par ultraviolets. Ce process pourrait à terme être appliqué au milieu hospitalier, dont la filière est plus radicale. « Les masques, au même titre que tous les déchets d’activités de soin, sont envoyés vers une usine de banalisation, à Fleuré, afin de les ramener à la dangerosité des ordures ménagères. Puis ils sont incinérés ou envoyés dans un centre d’enfouissement, explique Ludovic Blanchier, coordonnateur déchets au CHU de Poitiers. Ils peuvent aussi être directement envoyés dans des usines d’incinération spécialisées comme celle de Bassens, près de Bordeaux. » Pour ses 1 200 bacs mensuels de déchets d’activités de soin (925 000 litres), le CHU privilégie la première solution, moins coûteuse. Malgré la baisse d’activité hors Covid, « les volumes collectés ont augmenté de 5,5% par rapport à l’an passé, ce qui représente 2m3 par jour ».
Selon le process développé par Plaxtil, « les masques collectés sont placés dans une logique de quarantaine pendant quatre jours, puis ils sont délissés par Audacie et ensuite broyés en flocons, lesquels sont passés aux ultraviolets. » Il ne reste plus qu’à les injecter, toujours selon une logique circulaire, dans le processus de fabrication d’équipements de sécurité tels que des ouvre-portes, des supports de visières, des attaches-masques...
Soutenue par Grand Châtellerault, Plaxtil a dispersé à partir du 20 juin une cinquantaine de points de collecte sur le Nord-Vienne et déjà traité environ 50 000 masques. « Mais nous ne sommes qu’une goutte d’eau... », confie Olivier Civil. Une goutte d’eau qui pourrait devenir rivière ou fleuve si l’on en croît le nombre croissant de sollicitations auxquelles Plaxtil est confrontée, y compris de très grands groupes industriels français dans le cadre de leur Responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Même le ministère de l’Economie et des Finances s’est penché sur cette solution de recyclage... « Nous ne pensions pas que cela prendrait une telle ampleur, nous n’avons envisagé aucun business model, confie Olivier Civil. L’idée était seulement de montrer que c’était possible et d’arrêter cette pollution aberrante. »