Le cyclisme féminin dans la bonne échappée

Les féminines devraient avoir leur « Tour de France » en 2022. Une vraie victoire pour le monde du cyclisme féminin, depuis de longues années en quête d’une médiatisation à l’égal des hommes.

Claire Brugier

Le7.info

Longtemps, l’idée a fait sourire. Les quelques tentatives, en 1955, 1984, 1992 ou 2006, pour organiser une version féminine du Tour de France ont fait long feu. Tout récemment encore, « ASO nous opposait des freins d’ordre logistique. Il n’y avait soi-disant pas de place pour une deuxième course », note Claire Floret, coordinatrice de Donnons des Elles au vélo, une initiative de promotion du cyclisme féminin. Cette année, quatorze coureuses ont, en amont de la Grande Boucle, effectué le parcours pour la bonne cause.
Un « Tour de France » féminin est enfin envisagé pour 2022, à défaut de 2021, année des Jeux olympiques. « On n’est pas à un an près ! » s’exclame Stephen Delcourt. Le manager de la FDJ Nouvelle-Aquitaine Futuroscope, la seule des trois équipes féminines professionnelles françaises à avoir intégré la première promotion du Women’s World Tour, va plus loin. « Est-ce que le cyclisme féminin était prêt pour un Tour de France il y a dix ans ? Physiquement, les coureuses l’étaient mais les équipes, les staffs... » Désormais, les planètes semblent alignées. « Notre sport est vraiment en développement : le Tour de France va nous donner une image, la professionnalisation progresse, on sent une vraie envie de parité dans la société... Pour preuve, la Course by Le Tour a rassemblé un million de téléspectateurs sur France Télé ! »

« Un Paris-Nice passe forcément par Poitiers ! »

La grande course féminine telle qu’esquissée par ASO se déroulerait sur une dizaine de jours, avec un passage de témoin hommes-femmes sur les Champs-Elysées, « selon un format Paris-Nice », complète le manager de la FDJ. Question de moyens. « La plus petite équipe masculine a un budget de 12M€ alors qu’il va de 1,4M€ à 2,7M€ chez les fémi- nines. » L’essentiel est que la fête soit belle. Et qu’elle passe par Poitiers ! « Lors de la première, voire deuxième édition... Un Paris-Nice passe forcément par Poitiers ! » Reste que « pour le haut niveau, il faut une base plus large », donc susciter des vocations. « Il faudrait changer les formats de course sur le modèle du trail, avec des organisations plus complètes, mixtes », suggère Stephen Delcourt.
Elue au sein de la fédération française de cyclisme, Claire Floret mise plutôt sur des courses 100% féminines, pour « structurer le cyclisme féminin et avoir des pelotons homogènes ». La cycliste de Courcouronnes porte avec ferveur un plan de féminisation, déjà illustré par la mise en place de deux circuits, N1 et N2, en Coupe de France et le Pass’Cyclisme. Aujourd’hui, les féminines représentent 10% des licenciés. « Au niveau départemental, en cadets, minimes ou juniors, les courses sont mixtes, constate Eric Samoyeault, président du comité départemental. Bien sûr, nous les intégrons sur les stages, les courses... Mais celles qui durent dans le vélo sont en acier trempé. » Elles se nomment Audrey Cordon-Ragot, Aude Biannic, Jade Wiel, Roxane Fournier...

Photo : Marie Istil.

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