Le contre-la-montre des sauterelles, criquets et grillons

Cinq associations, parmi lesquelles Vienne Nature, viennent de publier Les Orthoptères du Poitou-Charentes. L’ouvrage, largement illustré, consacre une page à chaque sauterelle, criquet et grillon observable dans la région ou malheureusement disparu.

Claire Brugier

Le7.info

Les sauterelles, criquets et autres grillons, tous membres de la famille méconnue des orthoptères, n’ont pas qu’une apparence fragile, avec leurs longues pattes graciles et leurs ailes diaphanes. Ils le sont. « Ce sont des insectes très sensibles aux modifications de l’habitat », confirme Samuel Ducept, chargé d’étude en entomologie à Vienne Nature. Comme nombre d’insectes, les orthoptères subissent les effets des pratiques agricoles, de l’urbanisation, de l’isolement comme facteur d’appauvrissement génétique... « Evidemment, on ne peut pas les compter à l’individu près, mais dans les secteurs où les suivis sont réguliers, c’est une hécatombe, assène Samuel Ducept. 30% des orthoptères de la région sont sur la liste rouge des espèces menacées. » Pourtant, « ils sont des indicateurs d’évolution du milieu naturel ». Pour les faire connaître, Vienne Nature, en partenariat avec Deux-Sèvres Nature Environnement, Nature Environnement 17, Charente Nature et la Ligue pour la protection des oiseaux, a lancé en 2012 un projet d’atlas. Paru en juillet, Les Orthoptères du Poitou-Charentes recense, photos à l’appui, pas moins de soixante-dix-huit espèces. Quatre années de travail, près de 100 000 observations collectées auprès de plus trois cents bénévoles ont été nécessaires pour aboutir à cet ouvrage. Chaque insecte y a sa page. Pour faire simple, « les sauterelles et les grillons ont des antennes plus longues que le corps ; chez les criquets, elles sont plus courtes ». Toutefois, bien d’autres détails distinguent les 29 sauterelles (carnivores), 48 criquets (herbivores) et 11 grillons (herbivores et carni- vores) qui pointent régulièrement leurs antennes en Poitou-Charentes. Ou les ont pointées. Au regard d’anciennes collections, cinq espèces auraient en effet disparu. D’autres sont apparues, comme le criquet égyptien, en 2019.
« On repère les orthoptères par leurs stridulations, à vue ou avec des filets. Pour les sauterelles, qui ont des chants souvent très aigus, on peut utiliser un détecteur d’ultra-sons, explique Samuel Ducept. Les plus petits, comme le criquet tétrix, font à peine 1cm et les plus grands, comme la grande sauterelle verte ou le criquet égyptien, entre 7 et 8cm. » Leur cycle de vie dure une saison. Il débute par la ponte entre juillet et octobre, suivie de l’éclosion des œufs au printemps. « Ce sont des insectes plutôt solitaires, sans organisation sociale, sauf pour les espèces migratrices. Les parents et les enfants ne se croisent jamais. »

Les Orthoptères du Poitou-Charentes, 237 pages, 35€ avec le livret Clé de détermination. 500 exemplaires imprimés, disponibles auprès des associations partenaires.

Photo : Samuel Ducept.

 

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