Sauvages, elles ont tout à offrir

« Sauvages ! » est le fil rouge de la nouvelle saison du Théâtre-auditorium de Poitiers. Ce projet culturel au long cours, mené par l’artiste-botaniste Thomas Ferrand, a vocation à faire changer notre regard sur les mauvaises herbes.

Steve Henot

Le7.info

Guimauve, houblon, véronique de Perse… A nos pieds, sur les petits chemins de Vienne, c’est toute une richesse florale qui se révèle. Certains promeneurs l’ont encore réalisé il y a deux semaines, à l’occasion d’une première balade botanique animée par Thomas Ferrand, à Ligugé. Après sa participation à Traversées l’an dernier, l’artiste revient dans la région dans le cadre d’un projet culturel au long cours imaginé avec le Théâtre-auditorium de Poitiers. 


Sauvages ! -c’est son nom- consiste en une multiplicité de rendez-vous, toute l’année, (balades, dégustation, créations artistiques), dont l’objectif est de faire changer le regard du public sur les « mauvaises herbes ». Herbes folles, invasives et autres adventices… « On ne soupçonne pas à quel point elles sont intéressantes, assure Thomas Ferrand. Elles ont un intérêt nutritif, médicinal et fondamental dans nos sociétés. »

 

La Vienne,
« un carrefour »

 

Prenez l’ortie, par l’exemple. « C’est la seule plante riche en acides aminés essentiels, ce qui en fait un végétal riche et délicieux. » Le faux-fruit de l’églantier se distingue, lui, par sa forte teneur en vitamines C. Les feuilles d’amarante sont plus riches que des épinards, tandis que ses graines donnent de pseudo-céréales qui peuvent être elles-mêmes réduites en farine, comme le soja et le quinoa. Aussi, certains se souviennent encore du goût corsé de quelques feuilles de moutarde noire, une plante méditerranéenne croisée à Ligugé. « Autour de Poitiers, on trouve toutes les plantes les plus communes. C’est une espèce de carrefour avec des sols très différents. »


Si l’artiste s’intéresse tant aux Sauvages !, c’est aussi pour le symbole qu’elles portent. Celui d’une espèce « invisible », que l’on ne veut pas voir. « C’est l’un des angles intéressant dans ce projet : rendre compte de l’altérité, de toutes les minorités. Cela répond à une question plus globale du vivant. C’est donner des grilles de lecture. » Souvent, on ignore les « mauvaises herbes » par crainte et par méconnaissance, alors que certaines de leurs propriétés continuent de nous étonner. « J’ai passé beaucoup de temps dans les bois à voir comment l’on peut se nourrir avec elles, confie Thomas Ferrand. J’apprends tous les jours, c’est une recherche continue, un savoir sans limite. » Une invitation à rester humble face à la nature.

DR - Arthur Pequin

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