La classe dehors dans l’air du temps

Faire classe dehors est une réponse aux contraintes du protocole sanitaire. Mais il s’agit surtout d’une pédagogie alternative que revendique la nouvelle adjointe aux Affaires scolaires de Poitiers. Elle l’applique avec ses propres élèves.

Romain Mudrak

Le7.info

La pratique n’est pas nouvelle, mais se répand depuis la rentrée. Des enseignants réunissent leurs élèves dans un parc ou dans la cour de l’établissement pour faire classe… dehors. A première vue, cette méthode a le mérite d’apporter une réponse concrète aux contraintes liées au protocole sanitaire. Dans un vaste endroit en plein air, enseignants comme élèves ont le droit de retirer leur masque en gardant leurs distances. Mais ce n’est pas tout. En y regardant de plus près, cette véritable pédagogie alternative permet de développer de réelles compétences parmi les enfants, comme l’explique Crystèle Ferjou, à l’avant-garde de ce mouvement. « Ils sont plus libres physiquement, on les incite à expérimenter des choses avec le matériel proposé par la nature, souligne la professeure des écoles. Résultat, ils acquièrent ce qu’on appelle les compétences clés du XXIe siècle : la créativité, l’esprit critique, la coopération. »

Rendez-vous 
sous les arbres

Dans les Deux-Sèvres, où officie Crystèle Ferjou, plus d’une centaine de classes sortent déjà une demi-journée par semaine, été comme hiver. « Pour construire une cabane, il faut parler et faire des maths. On trouve aussi toutes les formes géométriques dans la nature si on prend le temps de les chercher. » L’école dehors est plutôt pratiquée en primaire. Mais les lycéens en ressortent aussi grandis. Le 
18 septembre, Hélène Paumier, professeure de lettres au Lycée pilote innovant international (LP2I) de Jaunay-Marigny a donné rendez-vous à ses élèves de 1re sous les arbres afin d’aborder le recueil Alcools de Guillaume Apollinaire(*). Par groupe de quatre, ils ont participé à un atelier d’écriture. « Décrire les paysages, s’inspirer de la nature, cela développe les sens et la dimension esthétique du regard », souligne l’enseignante. Sa collègue Laurie Peyhorgue l’utilise pour ses cours de Français langue étrangère (FLE). Elle demande à ses élèves de lire à voix haute, sans masque, en marchant et en y mettant la bonne intonation. Il faut parler fort et clair pour dépasser le bruit ambiant.

Dans la Vienne, cette pratique n’est pas encore très répandue. Un groupe d’enseignants convaincus travaille sur un module de formation pour partager la bonne parole. Hélène Paumier, qui est également adjointe à l’Education au sein de la nouvelle majorité à la mairie de Poitiers, a bien l’intention de promouvoir l’école dehors auprès des enseignants et des animateurs des accueils périscolaires. « Les enfants manquent de nature. Au château de Beauvoir et aux bois de Saint-Pierre, des choses se font déjà. On va les amplifier. » Et ne lui parlez pas de la météo, les élèves peuvent sortir toute l’année : « Il n’y a pas de mauvais temps, il n’y a que des mauvais vêtements. » C’est dit.

(*) Elle en fait le récit sur le site cafepedagogique.net

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