Le numérique, c’est 
aussi pour les femmes

A Poitiers, la Fabrique du numérique et Pôle Emploi se mobilisent pour attirer des talents féminins dans des métiers jusqu’alors occupés en majorité par des hommes. Notamment dans la maintenance informatique et les réseaux.

Arnault Varanne

Le7.info

Elles n’étaient que six le 
21 septembre, au centre socioculturel des Trois-Cités, à Poitiers. Six demandeuses d’emploi conviées par Pôle Emploi à une séance de sensibilisation aux métiers du numérique. A l’instar des sciences, les métiers du numérique fleurent bon la testostérone et exhalent un parfum de mixité très (trop) léger. La Fabrique du numérique, qui forme des futurs professionnels à Poitiers, Niort et depuis peu à Angoulême, est formelle. « Nous sommes sur des promos avec 12% maximum de femmes, estime Juliette Lauriol, responsable pédagogique. Elles ne se sentent pas capables et souffrent trop souvent du syndrome de l’imposteur, alors que les métiers leur sont tout aussi accessibles. »


A Paris, l’Ecole 42 a déployé des trésors d’énergie pour arriver « péniblement » à 30% d’apprenantes. A Poitiers, la Fabrique du numérique entend convaincre par l’exemple. Jeudi, vendredi et le 8 octobre, l’organisme de formation convie toutes celles qui le souhaitent à participer à des ateliers autour du développement Web, de la gestion des contenus et des communautés ou encore de la gestion des parcs et réseaux informatiques. C’est précisément dans ce troisième sous-secteur que la disparité hommes-femmes est criante. Celles qui sont convaincues pourront, au-delà de ces trois matinées, s’orienter vers un « sas numérique » qui démarrera en novembre. 


« On est légitimes ! »

L’exemple à suivre, c’est celui de Kelly Zenkovic. Titulaire d’une licence de chinois obtenue à Bordeaux, la jeune femme vient d’intégrer le Webmaster éditorial de l’université de Poitiers, après avoir suivi un service civique au SPN (Réseau des professionnels du numérique) et une formation à la Fabrique du numérique. « A titre personnel, je n’ai pas ressenti le syndrome de l’imposteur, mais j’ai eu la chance de trouver ma voie. Et puis la com’ a plus une dimension féminine, reconnaît la future community manager. Au fond, on doit se poser moins de questions que les hommes qui sont plus fonceurs et prennent la place. On est légitimes ! »


L’enjeu de la parité dans le numérique n’est pas que symbolique. Il conditionne les modes de pensée des applications... « Rendez-vous compte que seuls 4% des chercheurs dans l’intelligence artificielle sont des chercheuses, développe Juliette Lauriol. Le regard n’est forcément pas représentatif. » Message entendu par les six demandeuses d’emploi présentes l’autre lundi au centre socioculturel des Trois-Cités. Quatre d’entre elles devraient participer aux prochains ateliers de la Fabrique du numérique.

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