La démocratie 
se joue aussi en ligne

Les outils de participation citoyenne, appelés « civic tech », se multiplient partout en France. Grand Poitiers dispose de sa propre plateforme depuis 2019, dans le but d’impliquer un peu plus les habitants dans la prise de décision politique.

Steve Henot

Le7.info

A peine une semaine après son lancement, le questionnaire a dépassé les 1 500 contributions. Déjà mieux que pour la première consultation sur le Plan climat ou pour la boîte à idées « Grand Poitiers solidarité - Covid-19 ». C’est peu dire que les aménagements de la voie André-Malraux font réagir les Poitevins sur la plateforme en ligne de participation citoyenne jeparticipe-grandpoitiers.fr. « On voit un vrai engouement, constate Ombeline Dagicour. Il y a eu de fortes demandes sur les réseaux sociaux pour évaluer cet aménagement. »


La première adjointe à la Démocratie locale, l’Innovation démocratique et l’Engagement citoyen souhaite rapidement multiplier les consultations de ce type dans les mois à venir. Le projet urbain du quartier de la gare, le devenir du Palais des Ducs d’Aquitaine, les budgets participatifs... « Le numérique peut favoriser le débat public, jure-t-elle. On veut renforcer cette plateforme pour qu’elle devienne une interface collaborative avec les habitants. Cela peut faire remonter des idées, des projets... » Et orienter les futurs choix de politique locale. Jusqu’à imaginer un vote électronique sur certains sujets ? « On se laisse la possibilité de le faire. »


 

Le risque de la fracture numérique

 

Les technologies de participation citoyenne comme « Je participe ! » -appelés « civic tech »- sont en plein essor. Dans son étude annuelle de 2018 consacrée à la citoyenneté, le Conseil d’Etat encourageait 
ainsi le développement de cet écosystème par des initiatives de l’Etat et des collectivités locales. Grand Poitiers, comme tant d’autres, s’est donc dotée de sa propre plateforme, en 2019, réalisée par la société Cap Collectif (celle derrière le Grand débat). Même l’Assemblée nationale vient de se doter d’un portail de recueil des pétitions. A 500 000 signatures, elles peuvent d’ailleurs faire l’objet d’un débat en séance. Dans un contexte de forte demande démocratique, post-Gilets jaunes, ces outils visent à « restaurer la confiance » vis-à-vis des élus et des institutions.


« C’est une opportunité mais il y aussi le risque de la fracture numérique », nuance Ombeline Dagicour. En effet, certaines catégories de la population n’ont toujours pas accès à Internet ou le bagage nécessaire pour pouvoir contribuer en ligne, notamment en milieu rural. « C’est pourquoi on va toujours considérer les réunions publiques, les rencontres en présentiel, le travail de terrain. Cela doit venir en complément. » C’est d’ailleurs ce que recommande la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil), dans un document publié le 9 décembre 2019. Plus globalement, l’instance invite les acteurs des technologies civiques à penser des « modèles vertueux » et les services publics à sensibiliser leurs concitoyens. 


Site Internet : 
jeparticipe-grandpoitiers.fr

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