Statu quo 
dans le funéraire

La crise sanitaire n’a eu qu’un impact relatif sur l’activité des entreprises du funéraire. Le secteur est dynamique mais reste confronté à un manque de main-d’œuvre et à un recul progressif des indépendants au profit des grands groupes.

Steve Henot

Le7.info

A titre exceptionnel, l’Insee diffuse depuis le début de la pandémie l’évolution du nombre de décès en France, toutes causes confondues. Le dernier relevé en date du 2 octobre indique une légère hausse de la mortalité depuis la rentrée : +1% par rapport à 2019, +2% comparé à 2018 à l’échelle nationale. C’est aussi le cas dans la Vienne où les décès ont augmenté de 0,6% en un an sur la même période. Cela s’est traduit par une activité en proportion plus importante pour les entreprises du funéraire.


« Pour autant, nous ne pouvons pas parler de croissance, nuance Didier Kahlouche, le vice-président de la Confédération des pompes funèbres et de la marbrerie (CPFM). Du fait des restrictions d’accès aux cérémonies et des mises en bière immédiates durant le confinement, il a été impossible de vendre certaines prestations, ce qui a engendré un chiffre d’affaires moindre pour les entreprises. » Si la hausse des décès ne peut être réduite à un simple « effet Covid », elle devrait tout de même avoir un impact sur le marché, dès 2021. « Comme après la canicule de 2003, où la mortalité avait reculé dès l’année suivante. »


Plus étonnant, le recours à la crémation s’est accru au cours des derniers mois. « Les crématoriums ont connu une saturation, observe Didier Kahlouche. Mais c’est une tendance de fond depuis déjà quelques années. Cela représente près de 40% des funérailles aujourd’hui et on s’attend à ce que ce chiffre atteigne les 50% dans dix ans. » La prise de conscience écologique se fait aujourd’hui plus prégnante. « Depuis un an, on sent un frémissement, commente Agnès Dione, qui commercialise depuis un an des cercueils en cellulose (carton), à Poitiers. Même si ce sont des clients déjà sensibilisés. » 


« Difficile de venir sur ce marché »

A l’image de sa société, Accmé, des agences funéraires continuent de se créer un peu partout, notamment dans le département. Mais de moins en moins d’indépendants. « La courbe s’aplatit depuis cinq ans car il y a très peu d’entreprises qui ferment, explique Didier Kahlouche. Il y a une concentration de l’offre vers les grands groupes. » Agnès Dione en fait le constat : « C’est très difficile de venir sur ce marché composé de grands groupes bien installés. » Avec plus de 
10 000 établissements répartis sur le territoire -à 80% des PME- le funéraire fait toujours face à un manque de main-d’œuvre, dans tous ses métiers (conseillers, exploitants, marbriers...). « Le secteur recrute aujourd’hui et recrutera demain, assure Didier Kahlouche. C’est lié à un manque d’attractivité de la profession, qui n’attire pas spontanément. A nous de faire des efforts pour faire changer le regard. »

 

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