Le renard, aimé et chassé

Même ses détracteurs lui reconnaissent des qualités. Pourtant, le renard reste l’un des mammifères les plus chassés en France.

Claire Brugier

Le7.info

Il est le héros du Roman de Renart, le flatteur et roublard dans les Fables de La Fontaine... L’animal au pelage roux fait partie de l’imaginaire collectif, tantôt aimé tantôt mal-aimé. Mais à son endroit, la loi a tranché depuis longtemps : il est classé parmi les « espèces susceptibles d’occasionner des dégâts », autrefois nommées « nuisibles ». Le goupil peut donc être chassé, piégé ou déterré quasiment toute l’année, au grand dam des associations de défense de la nature. « Vouloir en réguler la population est une ineptie, lâche Miguel Gailledrat, coordinateur de Vienne Nature. Des études menées dans des endroits où la régulation avait été stoppée montrent qu’il n’y a pas d’augmentation de la population pour autant. En créant des vides, on génère une hausse de la reproduction. Il faut faire confiance à la sélection naturelle. » Dans la Vienne, le domaine vital pour un adulte et ses petits est d’environ 500ha, ce qui est « plus important que dans d’autres régions », constate le défenseur de la nature. Le renard roux reste toutefois parmi les mammifères les plus chassés.

Jusqu’à 6 000 par an

« Sur les cinq dernières années, dans la Vienne, 5 300 à 6 000 renards ont été prélevés par an, par la chasse à tir, le piégeage ou les battues administratives menées par des lieutenants de louveterie », note Michel Cuau. Le président de la Fédération des chasseurs de la Vienne est mitigé. « Le renard a la double particularité d’être aimé et mal-aimé par les chasseurs. Aimé car, n’en déplaise à nos détracteurs, il produit une montée d’adrénaline. Mal-aimé car c’est un prédateur pour les oiseaux, lièvres, lapins... Et sa présence rend difficile la gestion du petit gibier, en particulier dans les endroits où l’on tente des réintroductions. Sans compter les dégâts dans les poulaillers, les élevages de volailles, d’agneaux... »

Friand de rongeurs

En collaboration avec la Direction départementale des territoires, la Fédération des chasseurs chiffre entre 53 000 et 100 000€ par an les dégâts causés par le renard. Les élevages ovins du Sud-Vienne en pâtissent régulièrement. « Au printemps, les femelles s’attaquent aux petits agneaux qui ont moins d’un mois et demi, constate Denis Bergeron, président de la FNSEA, mais dans les prairies, le renard mange les mulots, ce qui peut être un point positif. » Il consommerait de 6 000 à 10 000 petits rongeurs par an.
 « Les rongeurs peuvent être gênants pour les cultures, convient Romain Martineau, installé en polyculture. Ils peuvent creuser tellement de galeries que les racines se retrouvent à l’air. Mais ils travaillent aussi le sol, l’eau s’infiltre mieux. »

Quant à l’accusation de porteur de l’échinococcose, une maladie contagieuse, « il n’y a jamais eu de cas diagnostiqué dans notre département », assène Miguel Gailledrat. Entre mythe et réalité, le renard reste un animal controversé. A voir si la révision de la liste des « espèces susceptibles d’occasionner des dégâts » en 2022 redorera son image. 

DR Olivier Pruvost

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