Lycées : la Région mobilisée sur la formation à distance

L’hybridation des lycées passe par des moyens techniques et humains fournis par la Région. Jean-Louis Nembrini, vice-président de Nouvelle-Aquitaine en charge de l’Education, précise les modalités de ce soutien aux établissements. Il annonce également une enveloppe pour les entreprises de l’EdTech et la création d’un campus du numérique éducatif, basé pourquoi pas dans la Vienne.

Romain Mudrak

Le7.info

Des enseignants ont fait grève et se sont mobilisés le 10 novembre pour dénoncer l’insuffisance du protocole sanitaire. Pensez-vous que la nouvelle organisation des lycées, autorisée par Jean-Michel Blanquer, a permis de rassurer un peu les profs de ces établissements ?
« Oui, c’est incontestable. Je crois que c’est le seul véritable moyen pour assurer la continuité pédagogique. Avec des effectifs complets, nous étions en difficulté pour assurer la prise des repas notamment. Le président Rousset avait écrit au ministre pour lui demander cet assouplissement. C’est une bonne décision. »

Cette nouvelle organisation permet donc des temps pédagogiques à distance. Comment la Région les accompagne-t-elle ?
« Le choix est effectué à l’échelle de chaque établissement en fonction des locaux, du nombre d’élèves, des formations spécifiques… Depuis un an, la Région a mis à disposition un environnement numérique de travail (ENT) qui a très bien fonctionné pendant le premier confinement. En mars, il accueillait 100 000 connexions par jour. Au cœur du confinement, on est monté à 500 000. Mais il faut qu’on s’organise sur le terrain pour que l’ENT ne soit pas sollicité par toutes les classes au même moment. Il permet des cours à distance. »

500 agents contractuels supplémentaires

Et en termes d’équipement individuel ?
« Cette question a une dimension sociale. C’est une préoccupation de la Région. Dès le premier confinement, nous avons prêté environ 2 300 ordinateurs portables à des élèves. Nous allons en acquérir 1 000 de plus. Nous confions le dispositif aux chefs d’établissement qui connaissent la situation des élèves. Nous créons aussi un fonds d’urgence pour les familles de 1,5M€. Une enveloppe correspondant aux spécificités du lycée permettra aux équipes de direction d’aider une famille à acheter du matériel, une clé 4G par exemple, de payer la cantine… La crise économique qui arrive a pu faire passer une famille de l’aisance à la difficulté. »

Lors d’une réunion avec des représentants de la communauté éducative, vous auriez annoncé le recrutement de 500 agents dans les lycées. Confirmez-vous ?
« Oui, nos agents techniques ou de restauration peuvent être malades, il faut pouvoir les remplacer vite. Nous avons provisionné 500 postes de contractuels. Mais il faut maintenant les trouver. Certains profils sont rares. Nous sommes prêts à passer par des agences d’intérim par exemple. »

400 000€ pour les entreprises de l’EdTech

Revenons un instant sur les ENT. Lors des Etats généraux du numérique pour l’éducation (4-5 nov.), vous sembliez enjoindre les Départements de travailler avec la Région sur un ENT commun. C’est compliqué ?
« Je n’ai pas enjoint les Départements de travailler avec nous. D’un côté, mon propos s’adressait au ministère : nous voulons être co-décideurs des dispositifs pour ne pas être simplement là pour payer. D’autre part, je pense que nous devrions réfléchir ensemble avec les Départements (qui gèrent les collèges, ndlr) à un ENT commun. C’est un appel. Mais je sais qu’il y a déjà des habitudes et des investissements effectués. On pourrait commencer par les cités scolaires qui englobent collège et lycée. »

La Région lance un appel à manifestation d’intérêt doté d’une enveloppe de 400 000€. Quelle est sa vocation ?
« Ce dispositif vise à soutenir la filière EdTech. Nous considérons que les entreprises du numérique qui s’intéressent à l’éducation doivent être aidées. Ce sont souvent des startups qui ont besoin d’un effet levier. La Région va contribuer à leur développement sur la base de projets. Finalement, l’équipement numérique des lycées recoupe d’autres compétences de la Région : le développement économique et l’aménagement du territoire. Nous sommes à leur écoute dans la perspective de la construction d’un campus du numérique éducatif, comme il existe déjà des campus de l’aéronautique et de la gastronomie. Tous les campus s’incarnent dans un territoire et quelques lycées dans la Vienne peuvent prétendre à être cette tête de pont. »

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