Dans les coulisses des campus

Ils semblent déserts… Pourtant sur les campus de Poitiers, le Crous et les associations s’activent pour passer la crise et remonter le moral des étudiants pris entre la précarité et la peur du décrochage.

Romain Mudrak

Le7.info

Les confinements se succèdent mais ne se ressemblent pas complètement dans les résidences universitaires. Primo, contrairement au printemps, 60% des étudiants sont restés. D’autre part, le Crous a mis en place plus rapidement un service de restauration à emporter. Tous les jours, depuis le 2 novembre, il est possible de retirer un repas complet dans les « RU » de Poitiers et de la Technopole du Futuroscope. Autour de 750 menus sont préparés chaque jour. Pour la première fois de son histoire, le Crous assure aussi la livraison de repas, le soir, dans les résidences. De quoi donner des idées pour la suite, même si « l’opération est particulièrement gourmande en personnels », selon la directrice de l’établissement. « Deux tiers des étudiants qui utilisent actuellement notre service de vente à emporter sont boursiers et bénéficient donc d’un menu à 1€ », poursuit Mariannig Hall. Et ce n’est pas près de s’arrêter vu que les universités ne seront pas déconfinées, au mieux, avant la fin janvier.

La vie sociale disparaît

Les 17 000 boursiers de l’académie de Poitiers (4 départements) ont perçu la prime de 150€ promise par le Président de la République, ce qui représente un effort de 2,5M€. Malgré cela, la précarité reste très marquée dans le milieu étudiant. Depuis septembre, 500 d’entre eux (contre 400 entre mars et juin) ont dû demander au Crous une aide financière ponctuelle pour se nourrir, se loger ou remplacer leur indispensable matériel numérique. La fermeture des commerces, bars, hôtels, restaurants, discothèques a accentué cette situation, notamment chez les étudiants étrangers. Pourquoi ? « Les petits boulots occupent une place incroyable, jusqu’à 60% de leurs revenus, c’est une nécessité, même pour les boursiers », témoigne Papa Oumar Ndiaye, doctorant en sociologie qui analyse ce phénomène pour les besoins de sa thèse.

L’angoisse monte. Le nombre d’appels d’étudiants aux assistantes sociales du Crous a doublé depuis septembre. « Ils craignent de décrocher des cours à distance et s’inquiètent déjà pour leur insertion professionnelle », note Mariannig Hall. Pour reprendre confiance, ces jeunes déboussolés sont orientés vers l’équipe de psychologues de l’université, récemment renforcée, ou vers l’association Apsytude. « C’est toute leur vie sociale qui disparaît, analyse Papa Oumar Ndiaye. S’il ne se passe rien, je pense que les parties de foot vont très vite redémarrer en bas des résidences même si c’est interdit. » Faute de réelles rencontres, les associations étudiantes s’activent sur les réseaux sociaux. La plateforme Discord est le théâtre de discussions sur le cinéma, les séries, la cuisine… « Il faut que les étudiants gardent l’envie de voir du monde. Et puis, on peut partager des conseils et faire remonter des problèmes quand il le faut », souligne Aymeric Gaboreau, président de l’Apus (étudiants de la faculté des sciences), qui multiplie les soirées jeux tous les jeudis.

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