Centrale de Civaux : exercice grandeur nature, mais sans la population

Dans le cadre des exercices quinquennaux imposés aux centres nucléaires de production d’électricité, la centrale de Civaux sera le 19 janvier prochain au coeur d’un exercice d’alerte grandeur nature, mais sans la population, crise sanitaire oblige.

Claire Brugier

Le7.info

Les riverains de la centrale nucléaire de Civaux, dans un rayon de 20km, vont recevoir dans les jours à venir un document intitulé « Les bons réflexes en cas d’accident à la centrale nucléaire de Civaux ». A conserver précieusement. Pour ce qui est de l’exercice grandeur nature de sûreté nucléaire programmé le 19 janvier prochain, il se fera sans eux. Les élus locaux ont été enjoints de finaliser, quand ce n’était pas encore le cas, leur Plan communal de sauvegarde, mais il ne sera pas déclenché. Traduction : la population pourra continuer à vaquer à ses occupations quotidiennes le jour de l’exercice, y compris les habitants de la zone d’évacuation immédiate, dans un rayon de 5km autour de la centrale.

Crise sanitaire oblige, « ce sera un exercice d’états-majors et de test des liaisons », confirme Anne Sebileau, cheffe du Service interministériel de défense et de protection civile. A la centrale, à la préfecture, à l’Agence de sécurité nucléaire, des cellules de crise seront mises en place pour faire face à un scénario ignoré de ses protagonistes locaux. Sur le terrain, l’alerte s’arrêtera aux élus, mobilisés en tant que point de contact et pour fournir la liste des personnes vulnérables non autonomes, recenser les moyens pouvant être mis en œuvre… « L’objectif est de tester le déclenchement de l’alerte par l’exploitant, son évaluation technique de la situation, le déclenchement fictif du PPI, l’organisation de l’action, l’information des autorités gouvernementales et la communication via les médias locaux et nationaux », rappelle Emilie Mariel-Lassort, adjointe d’Anne Sebileau.

Toutefois, dans un contexte d’évolution du Plan particulier d'intervention (PPI), qui est passé de 10 à 20km en 2019, l’enjeu est aussi éminemment pédagogique, à l’intention des habitants mais aussi des établissements scolaires et de toutes les structures recevant du public, les commerces notamment.

« Une opportunité pour mieux informer la population »

La nouvelle zone de PPI intègre vingt-cinq communes supplémentaires, sur un total de quarante-cinq. Or, sur ce secteur « seuls 25% des habitants sont allés chercher en pharmacie les comprimés d’iode », déplore Rémi Laffin, agent de la Mission d’appui aux risques nucléaires (Marn). Trop peu, malgré des réunions publiques d’information. C’est pourquoi, « au-delà d’être une occasion de s’entraîner, ce que l’on fait régulièrement de façon autonome, cet exercice est une opportunité pour mieux informer la population, complète Mickaël Gevrey, le directeur général du site de Civaux. Il est important de communiquer sur les risques nucléaires. » Lesquels ? « Il n’y a aucun risque d’explosion à Civaux, rassure Benoît Byrski, sous-préfet de Montmorillon. Le risque porte sur une fusion qui ferait fondre un réacteur, avec pour effet de dissiper dans l’atmosphère un nuage radioactif. Mais les environnements de confinement de la centrale permettent de maintenir ce risque un certain temps. »  

Si les ateliers impliquant les élus et la population ont été annulés, des mesures seront toutefois réalisées sur le terrain par des personnels du Sdis, de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire et du Commissariat à l’énergie atomique, en des endroits pré-identifiés.

Des exercices comme celui du 19 janvier sont programmés tous les cinq ans dans les centres nucléaires de production d’électricité. Le dernier organisé à la centrale de Civaux a eu lieu en 2015. D’ordinaire, les habitants concernés sont conviés en amont à une réunion d’information, que le respect des gestes barrières a rendue impossible.

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