Dans la Vienne, les lieux de culture scrutent l’horizon

Dans l’attente d’une date de réouverture, ou simplement de l’annonce d’une date, les lieux de culture de la Vienne étudient toutes les opportunités. Parmi elles, l’expérimentation d’un protocole sanitaire et scientifique proposée par la Région.

Claire Brugier

Le7.info

« On veut bien être volontaires, au titre des 3T », avance Catherine Dété. Pour la directrice de la scène conventionnée de Châtellerault, toutes les opportunités pour accélérer le réveil du monde de la culture, placé sous coma artificiel depuis trois mois, sont bonnes à saisir. C’est donc avec intérêt qu’elle a pris connaissance de la proposition formulée début février par Alain Rousset, président de Région, d’expérimenter des protocoles sanitaire et scientifique en vue de la réouverture des lieux culturels et festivals. « Nous attendons une réponse de la ministre qui devrait vraisemblablement arriver très prochainement. Un calendrier sera consolidé et les villes officiellement sélectionnées après accord », précise-t-on du côté de la Région. A Poitiers, sans attendre, Charles Reverchon-Billot, adjoint en charge des Droits culturels, a proposé la candidature de la Ville. « Il s’agit de démontrer qu’il n’y a pas de risques à aller dans ces lieux. » Reste à savoir lesquels pourront rouvrir dans ce cadre.

Rouvrir, quoi qu’il en coûte

En tant que membre actif du Rim et de l’Astre, deux réseaux dédiés respectivement aux musiques actuelles et aux arts visuels, « le Confort moderne(*) fait partie des lieux engagés dans la réflexion », explique Emma Reverseau, chargée des relations publiques. S’il trouve l’idée « intéressante », Jérôme Lecardeur estime qu’elle se destine davantage aux petites structures. « Au Tap, on a un volume d’air considérable, des machineries pour brasser l’air, de l’espace… Nous sommes déjà les plus sécurisés. » Le directeur se met néanmoins à la disposition de la Région.

D’un lieu à l’autre, les attentes diffèrent. « Nous sommes un lieu subventionné, protégé par des conventions. Pour nous, il n’y a donc pas d’enjeu économique », note Emma Reverseau. Le climat est sensiblement différent aux 3T. « En tant qu’établissement public, nous n’avons pas droit aux aides. La situation risque de devenir tendue car nous devons dédommager les équipes artistiques sans avoir de billetterie à mettre en face. » Toutefois, « même si c’était financièrement bancal, avec une jauge réduite, nous rouvririons, pour le bénéfice moral ».

Les salles continuent de vivre de l’intérieur. Les captations sonores et vidéo sont prisées, en attendant mieux. « Le Confort moderne fourmille d’artistes. Des projets se montent, des expos se tiennent prêtes à ouvrir, assure Emma Reverseau. Il y a toujours une création jeune et fraîche qui a besoin de notre soutien. » Ailleurs, sans perspective pour jouer, certains artistes en résidence seraient « en train de s’essouffler », glisse Catherine Dété. Pour déjouer le manque de visibilité actuel, alors que les annulations de dates s’allongent jusqu’au mois d’avril, le Tap planche déjà sur une nouvelle proposition. « On va tenter une prolongation de saison jusqu’à mi-juillet, plus développée qu’en 2020, confie Jérôme Lecardeur. On veut une programmation souriante, active et diversifiée pour apporter un peu de réconfort à la société. »

(*) Au Confort moderne, Transat Disquaire et la Fanzinothèque sont ouverts.

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