Pollinarium sentinelle, un rempart contre les allergies

La Ville de Poitiers a installé sous les remparts de Blossac un pollinarium sentinelle. Objectif : relever en temps réel l’apparition de ces pollens qui ont le don d’irriter près d’un tiers de la population française.

Claire Brugier

Le7.info

Plusieurs emplacements avaient été pré-sélectionnés dans Poitiers. L’Association des pollinariums sentinelles de France (APSF) a finalement choisi un espace sous les remparts du parc Blossac, ensoleillé, clos, balayé sans excès par les vents, fréquenté quotidiennement par les jardiniers de la Ville… Propice donc à y faire « pousser » les pots en terre et les carrés potagers d’un pollinarium sentinelle.

Le principe est simple : permettre l’observation grandeur nature des végétaux allergisants et affiner ainsi le calendrier d’apparition des pollens. La collecte des sept essences d’arbres, sept variétés de graminées et deux d’herbacées a eu lieu l’an dernier en milieu naturel dans un rayon de 50km autour de Poitiers, en divers endroits afin de tenir compte de spécificités génétiques micro-locales. Depuis une quinzaine de jours, bouleaux, frênes, flouve odorante, houlque laineuse, armoise ou encore plantain sont scrutés quotidiennement par les jardiniers de la Ville. Au premier pollen libéré, ils seront 
« dénoncés » à l’Atmo, à l’APSF et à des allergologues partenaires. A partir de janvier, après une phase de test, les données recueillies seront librement accessibles sur le site alertepollens.org et, à terme, cet espace vert d’un genre nouveau devrait être le lieu d’animations et d’opérations de sensibilisation diverses.

Prévenir pour mieux soigner

« Le polliniarium permet d’avoir des informations 72 heures avant les capteurs à pollens classiques », souligne Charlotte Sauvion, responsable du Pôle paysage à la Ville. Traditionnellement, dans la région, les bétulacées (bouleau, noisetier) débarquent dès fin février, suivis des graminées et des herbacées qui peuvent irriter -au propre comme au figuré- jusqu’en septembre.

A la fois outil de détection et de prévention, le pollinarium sentinelle est une source d’informations cruciales pour les personnes allergiques. Bien connaître son ennemi est une clef pour mieux organiser la riposte, en l’occurrence limiter la durée des traitements par antihistaminiques… et donc le coût pour le système de santé. « Le bénéfice n’est pas chiffré, note Charles Béteau. Le chargé de mission régional prévention à la MGEN préfère mettre en avant « le bénéfice pour les patients » et l’accompagnement de la mutuelle, partie prenante dans l’installation d’un pollinarium au sein d’un établissement de santé de Sainte-Peyre (Creuse).

« Aujourd’hui, environ un tiers de la population française est allergique alors qu’il y a vingt ans on était plus près de 20% », constate le Dr Loïc Grandon. Pneumologue-allergologue à la polyclinique de Poitiers, il évoque différentes causes à la multiplication des rhinites et conjonctivites allergiques, le bien connu « rhume des foins » susceptible de dégénérer en asthme. « Avec le changement climatique, l’exposition aux pollens est plus large. La pollution a aussi un rôle de potentialisation dans la réaction allergique, la pollution aux particules diesel en particulier accroîtrait la production d’anticorps", explique le médecin, dénonçant aussi le tabac comme « facteur aggravant ».

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