Au chevet des 16-18 ans

En France, l’instruction est obligatoire jusqu’à 16 ans. Mais en réalité, tous les jeunes ont désormais une « obligation de formation » jusqu’à 18 ans. Une façon de limiter les décrochages précoces et de proposer aux décrocheurs des moyens de rebondir plus vite.

Romain Mudrak

Le7.info

Cassandra et Robert, 16 ans tous les deux, ont quitté leur lycée professionnel respectif avant la fin du cursus, sans diplôme ni réel projet. C’était en décembre dernier pour le second. « Je ne voulais pas rester chez moi à ne rien faire, c’est la Mission locale d’insertion qui m’a orienté ici. » Le 18 janvier, les deux ados ont intégré la première « Promo 16-18 »(*) de l’Afpa, à Châtellerault. L’objectif ? « Qu’ils aient connaissance du champ des possibles à travers diverses expériences et qu’ils osent parler de leurs rêves », indique la coordinatrice Cécile Chasseport. Tout est pris en charge, même le déjeuner ! Pendant treize semaines, du lundi au vendredi midi, le groupe se retrouve pour parler avenir professionnel, mais pas que. « L’un des ateliers permet un retour sur soi, comment je fonctionne et gère mes émotions. » « Avant, je n’osais pas parler en public avec des inconnus », se souvient Cassandra. Désormais, elle prend la parole spontanément. Robert, lui, apprécie tous les plateaux de formation de l’Afpa installés dans un grand bâtiment tout en longueur de la Manu rebaptisé la « rue des métiers » : « J’aime la mécanique mais je découvre d’autres métiers. Pourquoi pas la chaudronnerie ? Les portes sont ouvertes. »

« Les invisibles »

Ce dispositif s’inscrit dans l’« obligation de formation » à laquelle sont soumis tous les jeunes de 16 à 18 ans depuis la rentrée dernière. « On préfère parler de volontariat car les jeunes doivent avoir envie de s’impliquer », souligne Isabelle Herbreteau, conseillère à la Mission locale d’insertion qui pilote l’action pour la Vienne. Désormais, tous les « 16-18 » doivent être soit au lycée, soit en apprentissage, en service civique ou dans une action d’insertion comme celle de l’Afpa. Intégrée à la nouvelle opération « 1 jeune 1 solution » financée par l’Etat, cette « obligation de formation » trouve aujourd’hui un écho particulier avec la crise sanitaire. On le sait, de nombreux jeunes rencontrent des difficultés à s’insérer et finissent par se décourager. Dans la Vienne, plus de 200 sont suivis. Mais certains finissent par disparaître des radars. On les appelle alors les « invisibles ». Ils ne figurent plus sur les listes de la MLI, de l’Education nationale ou de l’aide sociale à l’enfance. Les éducateurs de rue sont associés à leur repérage. « Nous tentons aussi de les identifier à travers des actions en dehors des murs et des horaires de la Mission locale », note Isabelle Herbreteau. Comme la distribution de colis alimentaires dans les maisons de quartier ou encore le « Team job », une succession de temps forts autour de l’esport, organisés en parallèle de la Gamers Assembly, et destinés aux jeunes déscolarisés âgés de 16 à 25 ans.

(*) Une nouvelle session démarre le 22 mars. Plus d’infos au 
06 11 18 13 82.

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