Hier
Des progrès restent à faire mais la biodiversité est désormais prise en compte dans l’aménagement du territoire. En témoigne la multiplication des passages petite et grande faunes sur le tracé des routes, autoroutes et voies ferrées. En jeu : la survie des espèces.
Le premier passage dédié à la faune sauvage en France a été mis en place en 1963 sur l’A6, en forêt de Fontainebleau(*), un peu à l’instinct, plutôt à destination de la grande faune, surtout pour éviter des collisions meurtrières pour les automobilistes. Il a fallu attendre 1993 pour qu’un premier guide technique soit consacré aux passages grande faune, 2005 pour la petite faune. Peu à peu, à travers des éco-ponts, écoducs et autres buses, la biodiversité s’invite dans la conception des infrastructures linéaires (autoroutes, voies ferrées), encouragée par un cadre réglementaire jamais imaginé au XXe siècle (Grenelle de l’Environnement, loi Biodiversité…).
« Lors des travaux de l’A10 par exemple, à aucun moment il n’a été question de créer des passages pour la petite et la grande faunes, témoigne Miguel Gailledrat, coordinateur à Vienne Nature. Il y a trente ou quarante ans, la problématique n’était pas prise en compte dans les travaux d’aménagement du territoire, ni dans les études d’impact. Aujourd’hui, tous les projets d’infrastructures linéaires prennent en compte cette problématique. On s’améliore. » Tout est logiquement plus simple lorsque la « transparence » des infrastructures est prévue dans le projet initial. La LGV en est un exemple (Le 7 n°505), le passage grande faune mis en place sur la RN147 à hauteur de Fleuré en est un autre. L’affaire se complique un peu -avec un coût accru- lorsque l’aménagement porte sur l’existant.
Evaluation difficile
Sur le terrain, la démarche reste assez empirique, basée sur les observations d’associations naturalistes, des retours d’expérience… « Sur le tracé de la LGV, on a identifié des secteurs à enjeux amphibiens, où les passages petite faune ont été densifiés », note Miguel Gailledrat. Tous les 500m par endroits. Plutôt rapprochés à jambes d’humain mais déjà bien assez éloignés à pattes de triton marbré. « Les infrastructures linéaires sont des obstacles infranchissables qui, en cloisonnant les populations, peuvent mener à leur extinction. Sans oublier la mortalité routière ou ferroviaire des espèces. »
A Scorbé-Clairvaux et Fontaine-le-Comte, Vienne Nature a mis en place un suivi, grâce à de petites caméras. « Une évaluation précise est difficile. Les passages sont utilisés, mais le nombre de bêtes qui passent reste faible. » Est-ce l’emplacement du passage qui pèche, celui des obstacles mis en place pour guider les animaux, les matériaux utilisés ?
Depuis quelques années, Vienne Nature et le Département travaillent de concert, notamment en faveur des chauves-souris, en multipliant des cavités sous les voûtes des ouvrages d’art, mais aussi des mammifères semi-aquatiques (castors, loutres) parfois tentés d’emprunter un pont routier. Pour sécuriser leurs traversées, un quatrième encorbellement va être installé dans la Vienne, à Ouzilly. « On pose des équerres au niveau des voûtes, puis des lames composites », détaille-t-on du côté de la direction des routes. Mais « les lames peuvent supporter le poids d’une loutre, pas d’une personne ! ». Résultat : des dégradations régulières, malgré ces drôles de panneaux désignant un passage faune. Comme si les animaux pouvaient les lire ! Eux non, nous oui…
(*)Source : Christophe Pineau, Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement, 2017.
Crédit photo : Département de la Vienne.À lire aussi ...
Hier
Expériences en apesanteur pour les élèves ingénieurs
Cinq étudiants de l’Isae-Ensma travaillent depuis plusieurs mois sur un projet de voile aérodynamique de désorbitation pour nano-satellites. Début octobre, deux d’entre eux ont pu tester leur équipement en apesanteur, au cours d’une série de vols paraboliques menés au départ de Bordeaux-Mérignac.