Un sommeil plus juste pour les patients de réa

Neurophysiologiste au CHU de Poitiers, le Professeur Xavier Drouot a imaginé un algorithme du sommeil pour permettre aux patients hospitalisés en réanimation de mieux dormir. Une étude d’usage sera lancée à l’automne.

Arnault Varanne

Le7.info

Depuis un an et demi, la crise sanitaire a braqué tous les objectifs sur un service clé de l’hôpital : la réanimation. Lui s’y intéresse depuis 2004, dans son domaine de spécialité, le sommeil. « Le sommeil en réa, c’est très important pour les patients et, en même temps, très compliqué à étudier. Jusque-là, on utilisait un gros ordinateur avec plein de fils, qui valait 35 000€. C’était encombrant, gênant pour les infirmières et peu pratique. » Si le Pr Drouot parle au passé, c’est qu’il planche depuis trois ans sur un mini-dispositif de mesure de l’activité électroencéphalographique. « Un algorithme d’analyse automatique et instantané, qui a la particularité d’informer les infirmières si un patient dort ou ne dort pas », précise le chercheur. Dans le premier cas, consigne sera donnée de réduire les bruits autour de son lit (alarme, discussions, prise de constantes...).

Un potentiel gigantesque

Qui dit meilleur sommeil dit temps de récupération moins important et donc retour à la vie normale plus rapide. « Nos études ont montré en 2018-2019 que plus les patients dormaient mal, moins bien ils s’en sortaient. » Le dispositif médical a fait l’objet d’un dépôt de brevet par le CHU de Poitiers et l’Inserm, lesquels vont rétrocéder la licence d’utilisation à une jeune startup baptisée Somno Engineering, créée en mars 2021 et basée à Chasseneuil-du-Poitou. C’est Maud de la Belleissue, déjà fondatrice de plusieurs entreprises qui est chargée, dans un premier temps, de produire un prototype.

A l’automne, Somno Engineering fera l’objet d’une étude d’usage en réa, service par lequel transitent 1 500 patients par an. Une deuxième étude clinique suivra en 2022, avant une commercialisation à plus large échelle l’année suivante. La Région (230 000€), la Banque publique d’investissement (90 000€), le Fonds Aliénor du CHU (26 883€) et Nouvelle-Aquitaine amorçage (prêts d’honneur de 60 000€) sont au soutien. Le potentiel est gigantesque. « 40% des lits de réanimation dans le monde, soit 2 000 en France, cinq fois plus en Europe et vingt fois plus aux Etats-Unis, développe la dirigeante de la SAS, qui n’entend pas s’arrêter à la réanimation. Le dispositif est transposable à d’autres services. » A noter que la BPI a décerné le label DeepTech à Somno Engineering, un signe que l’application est très innovante et donc prometteuse.

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