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A la demande de la Maison des étudiants de Poitiers, l’auteur de bande dessinée Maxime Jeune s’est immergé pendant trois mois dans le monde d’un labo de la fac de lettres. De cette expérience est né un album, présenté en avant-première le 26 juin à la Villa Bloch.
Plus jamais la nuit. Plus jamais quoi ? Travailler la nuit. Fanny s’en fait la promesse. De là à la tenir… La bande dessinée réalisée par Maxime Jeune lors de sa résidence de trois mois au laboratoire FoReLLIs(*) de l’université de Poitiers est une immersion dans le quotidien pour le moins agité d’une chercheuse. Noyée sous des injonctions, sollicitations et obligations diverses, l’universitaire doit de surcroît composer avec le regard menaçant et intrusif de… Moby Dick ! La baleine blanche d’Herman Melville est au cœur d’une publication qu’elle doit rendre d’urgence. Mais la pression la paralyse, lui crée des hallucinations. Voilà que le cétacé l’épie du fond d’un évier, sort d’un sachet de mozzarella. Angoissant. « J’ai voulu travailler sur les émotions », explique Maxime Jeune qui a répondu à un appel à projets lancé par la Maison des étudiants de Poitiers. Les émotions, c’est la base lorsque l’on veut raconter une histoire qui suscite elle-même des émotions chez le lecteur. C’est l’un des enjeux du dessin de bande dessinée. Personnellement, j’adore dessiner des personnages expressifs. »
Curiosité et frustration
Hébergé à la Villa Bloch entre novembre et février, l’auteur, qui habite Rivière-sur-Tarn, a subi les contraintes du confinement et a dû composer avec un délai resserré. Entre distanciel et présentiel, il est néanmoins parvenu à s’entretenir avec une vingtaine de chercheurs -sur les 73 que compte le labo-, à cerner leurs impératifs, leurs préoccupations du moment comme la loi de programmation de la recherche, à décrire les tâtonnements des cours en visio… « Je ne suis pas sûr d’avoir rendu compte du fonctionnement d’un labo en temps normal car le contexte était quand même particulier », sourit-il. Mais l’essentiel était là, immuable. « Lorsque j’ai interrogé les chercheurs sur les émotions liées au travail de recherche, ils m’ont quasiment tous parlé de la curiosité, très intense, et de la frustration, par rapport au temps, aux financements… »
Inspiré, Maxime Jeune s’est appuyé sur « des métaphores maritimes » pour dépeindre ce qui se passe « dans le quotidien et dans la tête » de cette universitaire, sorte d’incarnation condensée des chercheurs qu’il a approchés pendant trois mois. « Le dessin est assez minimaliste car le temps était court. Je suis resté sur une gamme de couleurs restreinte, en jouant sur les contrastes. » Du vert kaki, du bleu, quasi incolore pour représenter les visios, des bulles sur fond jaune pour les monologues intérieurs, sur fond blanc pour les dialogues réels, et enfin du rouge « pour attirer l’attention sur un élément de la case », explique l’artiste. Le tout accompagné par une organisation tantôt classique, parfois chaotique des vignettes, au gré des états d’âme de Fanny. La chercheuse évolue entre la réalité et le monde onirique et fantasmé de ses émotions, entraînant le lecteur à sa suite.
(*) Formes et représentations en linguistique, littérature, arts de l’image et de la scène.
Plus jamais la nuit, Maxime Jeune, Editions FLBL, 58 pages. Tirage hors commerce. Sortie de résidence le 26 juin ; rendez-vous de 18h30 à 19h30 dans les jardins de la Villa Bloch, à Poitiers, pour une présentation de l’œuvre, suivie d’un temps de dédicaces.
Photo : Yann Gachet.
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