Bac Nord sous tension

Présenté hors compétition au Festival de Cannes, le nouveau film de Cédric Jimenez plonge dans le quotidien de policiers de la brigade anti-criminalité des quartiers nord de Marseille, en mêlant à l’esthétique de la fiction l’efficacité d’un documentaire.

Claire Brugier

Le7.info

Marseille. Quartiers nord. Des barres d’immeubles, des motos qui pétaradent, des flics tenus à distance par des bandes encagoulées et hargneuses. La violence est partout, dans les mots, les gestes, les silences, les regards. Dans cette zone inflammable, à trop se côtoyer flics et voyous finissent par se ressembler. Le mimétisme est troublant.

Inspiré de faits réels, Bac Nord, le nouveau film de Cédric Jimenez (La French, 2014), est une fiction plus vraie que nature, haletante, crispante parfois, où les flics de la brigade anti-criminalité de Marseille franchissent régulièrement la ligne jaune, pour l’adrénaline et pour donner un sens à leur métier, au-delà des chiffres que leur réclame leur hiérarchie.

Greg, un physique de gros dur et plein de fêlures (inattendu Gilles Lellouche), Antoine, le beau gosse de la bande version chien fou (remarquable François Civil), et Yass, le jeune papa (un Karim Leklou tout en sincérité), ont la main leste et l’insulte facile, comme les voyous qu’ils traquent. Mais Cédric Jimenez filme avant tout des hommes. La caméra les suit, immersive. Son ballet frénétique laisse peu de répit au spectateur. De plans larges en plans serrés, elle le prépare à l’assaut final puis le plonge dans l’immobilité du monde carcéral. La bande-son signée Guillaume Roussel ne fait que renforcer la tension, alternant guitare acoustique et musiques plus musclées façon Tarantino, ou, pire, s’effaçant devant les huées de la rue, le fracas de missiles improvisés jetés des immeubles ou le souffle court des trois flics. Le résultat est spectaculaire, une sorte de peplum urbain et contemporain joliment réalisé.

Film policier de Cédric Jimenez avec Gilles Lellouch, François Civil, Karim Leklou, Adèle Exarchopoulos (1h44).

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