Une décennie en Turquie

La rédaction du 7 consacre une série aux Poitevins expatriés dont le parcours professionnel et personnel sort de l’ordinaire, mais aussi aux étrangers ayant jeté l’ancre dans la Vienne. Nouveau volet avec Benoît Gilles, expatrié à Istanbul depuis 2012, après un parcours éclectique.

Arnault Varanne

Le7.info

Racontez-nous 
votre enfance ?
« Je suis né à Poitiers et j’ai vécu une enfance très heureuse à Buxerolles. Ma mère était pharmacienne, mon père directeur des ventes dans une cartonnerie. J’ai toujours été passionné par le Moyen Age. Ça n’a pas changé ! Pour l’anecdote, j’ai fait partie des premiers enfants envoyés à Datça, une ville turque jumelée depuis 1993 avec Buxerolles. Sûrement un signe ! »

Petit, vous rêviez à quoi ?
« Avant le collège, à rien du tout ! Après, agent secret. Ce n’était pas si bête. En réalité, j’étais surtout fasciné par les chevaliers. Mon père m’a fait visiter tous les châteaux de la Vienne et de la Loire. Et Nouaillé-Maupertuis a joué un rôle énorme, je me rendais tout le temps aux fêtes médiévales. »

Quelles études 
avez-vous faites ?
« Après mon bac scientifique à Victor-Hugo, j’ai fait un DUT génie électrique et informatique industrielle parce que j’ai une deuxième passion : la musique électro et les instruments. Je m’étais mis dans la tête que je pourrais devenir ingénieur ou technicien dans les musiques électroniques. Mais j’ai été déçu par l’IUT. Je préférais utiliser les machines plutôt que de les concevoir. Je suis donc parti à Paris pour intégrer l’Institut supérieur des techniques du son, une école privée. »


Et après ?
« Je suis revenu dans la Vienne, sans trop de convictions sur la suite. Alors je me suis lancé dans la conception de pièces d’armures, d’abord pour moi-même et ensuite pour les autres. J’étais assez doué dans ce genre de travaux. J’ai créé une petite entreprise, Métal et histoire (cf. Le 7 n°76). Mais c’était difficile de vivre de l’artisanat de niche, j’ai stoppé en 2012... »

Jusqu’à votre départ vers la Turquie, un vrai tournant, non ?
« Oui, je suis parti par amour !
On s’est rencontrés à Paris et nous sommes devenus bien plus que des amis. Ce fut un amour à distance pendant trois ans, j’allais là-bas et elle venait l’été en France. On s’est mariés en 2011 et je l’ai rejointe fin 2012 (elle est aujourd’hui directrice export dans une entreprise d’agroalimentaire, ndlr). Elle avait fait Sciences politiques dans une université francophone d’Istanbul. Mais ce n’était pas gagné pour moi de trouver du travail là-bas ! »

Justement, comment s’est passée l’intégration ?
« J’ai d’abord donné des cours de français et de maths, puis j’ai rejoint la Passerelle franco-turque, qui fait le pont entre la communauté française et la Turquie. Cette association m’a énormément aidé, j’ai notamment rencontré Florence Heilbronn, elle est la seule Française à vendre des tapis au grand bazar d’Istanbul. Je suis très vite devenu secrétaire de l’association, j’ai pu créer mon réseau, en rencontrant par exemple le directeur de l’un des cinq lycées francophones d’Istanbul, Saint-Benoît. J’ai appris qu’il avait besoin d’un graphiste et d’un photographe. Je me suis démené pour prouver que j’étais capable de décrocher le poste et j’ai réussi. J’y suis depuis mars 2014. »


La Vienne vous a marqué pour...
« Nouaillé-Maupertuis. La Vienne, c’est le Moyen Age ! J’y reviens deux fois par an, j’aime beaucoup les églises, les abbayes, les cités médiévales... »


Quelle est, selon vous, 
la personnalité qui symbolise le plus la Vienne ?
« Il y a un type que j’aime beaucoup, c’est Franck Ferrand (écrivain et animateur audiovisuel spécialiste de l’histoire, ndlr). »

 

Pourquoi lui ?
Entre Poitiers, Paris et Istanbul, Benoît Gilles a beaucoup bourlingué au cours des deux dernières décennies. De l’informatique aux métiers du son, en passant par le travail du métal, le Sancto-Bénédictin a fini par poser ses valises sur les rives du Bosphore, où il vit en famille.

Côté famille...
« Je suis marié et père d’un garçon de 5 ans. »

Votre âge ?
« 40 ans. »

Un défaut ?
« Je me plains beaucoup. »

Une qualité ?
« Créatif. »

Un livre de chevet ?
« Chef de guerre de Louis Saillans. »

Une devise ?
« L'imagination est plus importante que la connaissance car la connaissance est limitée tandis que l'imagination englobe le monde entier, stimule le progrès, suscite l'évolution, d’Einstein. »

Un voyage ?
« Les Etats-Unis en 1999, La Louisiane et le Texas, c’était fabuleux. »

Un mentor ?
« Bruce Lee sans hésiter, je suis aussi passionné d’arts martiaux. »

Un péché mignon ?
« Je suis un féru d'achat de matériel électronique audio de seconde main que je répare ou modifie. »
DR

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