La crainte d’un retour des IST

Lundi a démarré la Semaine régionale de santé sexuelle, alors même que la crise de la Covid-19 a entraîné une baisse de 30% des dépistages des infections sexuellement transmissibles (IST) en 2020. Une flambée est-elle à craindre ?

Steve Henot

Le7.info

C’est l’un des nombreux effets de la crise de la Covid-19. Selon les données de Santé publique France, les dépistages des infections sexuellement transmissibles (IST) bactériennes en centre gratuit (Cegidd) ont chuté de 30% en 2020. La fermeture des centres à l’occasion du tout premier confinement explique cette baisse, mais l’activité n’a pas forcément repris depuis. Ce qui ne laisse d’inquiéter. 
« Cela induit une baisse des découvertes », déplore Angelo de Jesus Lucas, le président territorial d’Aides Poitou-Charentes et Limousin.


« Un enjeu collectif 
de responsabilité »

« Est-ce un retard au diagnostic ou de circulation des infections ?, interroge le Dr Gwenaël Le Moal, infectiologue au CHU de Poitiers. Il faudra plusieurs années pour le savoir... » En revanche, il n’est pas question d’attendre pour agir et sensibiliser la population. Toute la semaine, des permanences, maraudes, interventions en milieu scolaire et dépistages sont organisés dans toute la région(*), dans le cadre du plan national de prévention contre les IST lancé en 2017. L’occasion de lever un « tabou », encore prégnant selon Gwenaël Le Moal. 
« C’est quelque chose qui ne s’enseigne pas encore beaucoup en faculté, et qui reste peu abordé en médecine générale. Or, la santé sexuelle est importante, au même titre que la santé mentale et physique. Elle fait partie des priorités de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). »


Chlamydiae, gonorrhée, syphilis, VIH… Ces infections, qui touchent aussi bien les hommes que les femmes, ne doivent pas être prises à la légère. D’autant qu’elles se transmettent lors de rapports non protégés. « Elles peuvent entraîner des complications si on ne les traite pas rapidement : stérilité, infections génitales complexes (douleurs urinaires, salpingite) jusqu’à la démence, développe le 
Dr Le Moal. Ce sont des maladies souvent insidieuses, pour certaines asymptomatiques qui un jour peuvent parler. Il y a d’abord un enjeu personnel à les diagnostiquer, puis collectif de responsabilité. »


Localement, aucune flambée de positivité n’a été notée. 
« Mais on craint des diagnostics à des stades plus avancés, évoque Angelo de Jesus Lucas. Pendant ce temps, le virus ou la bactérie se propage. » Les acteurs de la prévention et de la santé insistent donc sur l’usage du préservatif et l’importance d’un dépistage régulier, notamment pour les groupes de personnes dites à risques. Outre les Cegidd (Villa Santé, relais Georges-Charbonnier à Poitiers, pôle de Montmorillon, sites de Châtellerault et Loudun), des consultations hors les murs sont régulièrement organisées à la faculté de médecine, dans les locaux d’Aides 86, les maisons de quartier…


(*)Liste sur le site corevih-na.fr.

DR

À lire aussi ...