Au cœur de la Grande muraille verte

Depuis dix ans, onze pays d’Afrique plantent une Grande muraille verte. Cette barrière végétale contre l’avancée du désert a de nombreuses vertus, qui seront détaillées du 4 au 8 juillet, à Poitiers, lors de l’événement Prendre racine.

Romain Mudrak

Le7.info

Elle traverse onze pays d’Afrique du Sénégal à Djibouti sur environ 7 600km. La Grande muraille verte est l’un des plus grands projets panafricains. Ce programme ambitieux de reboisement a pour objectif de freiner l’avancée du désert dans le Sahel et ainsi de permettre aux populations locales de cultiver de quoi assurer leur survie et commercer avec leurs voisins. 232 millions de personnes vivent sur son trajet. En d’autres termes, cette barrière végétale a une vocation géostratégique incomparable. C’est pourquoi depuis douze ans, des biologistes, écologues, médecins, économistes, ethnobotanistes ou encore des spécialistes en sciences sociales étudient le développement et les impacts de ce projet à travers l’Observatoire hommes-milieux Tessékéré, co-piloté par le CNRS et l’université Cheikh Anta Diop de Dakar au Sénégal. Chaque année, un bilan d’étape est réalisé. Cette université d’été se déroule alternativement à Widou, au Sénégal, et à Poitiers, où le prochain rendez-vous est fixé du 4 au 8 juillet.

Ecologie de la santé

A l’origine de cette démarche, l’anthropologue et directeur de recherche du CNRS Gilles Boëtsch, un fidèle de l’Espace Mendès-France (EMF). Une cinquantaine de chercheurs africains (en majorité) et européens (dont certains Poitevins) vont échanger sur les dimensions écologiques, économiques, sociales et culturelles de la Grande muraille verte. 
« On constate par exemple que le maraîchage se développe sous les arbres, raconte Didier Moreau, directeur de l’EMF, très investi dans ce projet. Quand les femmes s’en occupent, elles rapportent un revenu au foyer, ce qui change les représentations et fait évoluer la société. » La gestion de l’eau, les essences résistantes à la sécheresse sont aussi des sujets de dérèglement climatique qui nous concernent tous. « Nous sommes dans une véritable démarche scientifique avec plusieurs publications sur l’impact de ce programme dans les Cahiers de l’Observatoire », poursuit Catherine Colombeau, coordonnatrice pour le centre de culture scientifique.

Afin de promouvoir la Grande muraille verte, cette rencontre scientifique sera associée à un événement grand public baptisé Prendre racine dont le thème central sera l’écologie de la santé. « Le Covid a permis d’y voir plus clair mais le lien entre la santé humaine et la santé de l’environnement n’est pas encore évident pour tout le monde », 
regrette Didier Moreau. Catherine Brechignac, secrétaire perpétuelle de l’Académie des sciences apportera son témoignage. Plusieurs conférences sont programmées, tout comme un atelier « fresque du climat »
et une balade scientifique au parc de Blossac (à retrouver sur le7.info). A la rentrée prochaine, l’association Balanitès, relais local de cette démarche, souhaite lancer des actions pédagogiques dans les écoles primaires. A bon entendeur.

crédit photo : Gilles Böetsch

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