Le Web allégé en 
« gras numérique »

La Ville de Poitiers vient de mettre en ligne son nouveau site internet « éco-responsable ». Ce portail se limite aux fonctionnalités essentielles et s’adapte à tous les terminaux fixes et mobiles.

Romain Mudrak

Le7.info

Le nouveau site Internet de la Ville de Poitiers mis en ligne le 9 juin est garanti « zéro gras numérique » ! C’était dans le cahier des charges fixé par la majorité municipale. En d’autres termes, Poitiers.fr a toutes les caractéristiques d’un portail 
« éco-conçu ». De quoi s’agit-il ? Premier élément, sa réalisation a été confiée à une agence de communication poitevine. En l’occurrence MBA qui s’est offert les services d’une dizaine d’experts tout aussi locaux, à commencer par SOS Data pour l’hébergement des données.

Ensuite vient la technique. 
« L’idée était de concevoir un produit qui a un impact écologique le plus limité possible, explique Léo Aubouin, consultant indépendant qui a co-piloté le projet. Il faut savoir que 60% des émissions de gaz à effet de serre en matière de numérique sont liées à la fabrication des terminaux. Le premier moyen d’agir est donc de privilégier l’achat reconditionné ou d’allonger la durée de vie des smartphones et ordinateurs. Pour cela, on évite de faire des sites Internet qui nécessitent beaucoup de ressources, des animations partout, des vidéos en plein écran… » On retire donc toutes les fioritures qui n’auraient rien de fonctionnel, où se cache le fameux « gras numérique ».

Sobriété numérique

Dans cette perspective, la règle consiste à bien définir le « parcours utilisateur » pour éviter les allers-retours inutiles. Chaque rubrique contient des « accès directs » qui correspondent aux pages les plus consultées ou identifiées comme prioritaires par les services de la Ville. 
« On évite aussi les doublons en renvoyant les usagers vers des sites existants si l’information est ailleurs », précise Léo Aubouin. Reste qu’à l’heure où la vidéo est reine, le risque d’apparaître dépassé est réel. Surtout pour un site vitrine comme celui d’une collectivité. « C’est là que la direction artistique prend toute son importance », note Ophélie Maillard-Le Piouf, coordonnatrice du projet pour MBA.

Chacun se fera son idée du résultat final. Les goûts et les couleurs ne se discutent pas. Le site se veut en tout cas efficace, même en 3G. Si la démarche est plutôt confidentielle pour l’instant, elle a vocation à se développer. Un site éco-conçu est-il plus cher ? 
« Le mot d’ordre, c’est moins mais mieux, répond Gaëtan Marsault. On a moins de fonctionnalités, donc moins de développement mais faire du sur mesure réclame du temps, en termes de coût, ça s’équilibre. »
 Il a créé récemment à Parthenay (Deux-Sèvres) la société Mon Petit Pixel spécialisée dans le domaine afin de « concevoir durablement sa communication sur Internet ». Il a décroché en 2020 la principale « certification d’éco-conception Web » délivrée par l’Institut du numérique responsable au même titre que le label d’« accessibilité numérique » pour soutenir les droits des personnes handicapées. Un autre combat.

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