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La cour de l’école Jacques-Brel est la première à Poitiers entièrement végétalisée et « dégenrée ». Cette initiative inspire de nouvelles actions pédagogiques mais s’avère aussi très onéreuse dans sa mise en œuvre.
Les enfants des Trois-Cités ne la reconnaîtront pas. La cour de l’école maternelle Jacques-Brel est métamorphosée. Certes, les graines de pelouse n’ont pas encore germé mais la transformation est incontestable. « Nous avons largement déminéralisé l’espace, explique Charlotte Sauvion, cheffe de projet conception et paysage à la Ville de Poitiers. La surface végétalisée est passée de 37 à 68%. » A gauche, en entrant, cinq carrés potagers attendent d’être cultivés. Plus loin, un chemin mène vers un petit amphithéâtre constitué de blocs de pierre de Migné. En réalité, il s’agit d’un bassin à double fonction : capter les eaux de pluie et permettre aux enfants de s’asseoir en cercle afin de créer une chorale, une pièce de théâtre ou tout simplement jouer puisqu’un toboggan a pris place au centre de cette agora.
« Nous avons travaillé avec les enseignants pour connaître leurs envies, leurs contraintes et leurs besoins en termes de pédagogie », souligne Pierre Nenez, adjoint à la Biodiversité, à la Végétalisation et à l’Education à la nature. Des cheminements en enrobé ont ainsi été dessinés pour que les élèves puissent faire du vélo et un terrain de sport collectif a été aménagé à droite de l’école. « Mais le terrain de foot réservé aux garçons au centre de la cour, c’est terminé », reprend l’élu. Car la municipalité de Poitiers s’est non seulement engagée à végétaliser les cours d’école mais aussi à les « dégenrer » en s’inspirant des principes d’Edith Maruéjouls, auteure du livre Faire je(u) égal (éditions Double ponctuation), qui conseille aussi les élus de Châtellerault. « L’idée, c’est une meilleure répartition dans la cour grâce à des micro-espaces où les élèves peuvent imaginer et nouer de nouvelles relations entre eux », précise Charlotte Sauvion.
Ecole dehors
Une cabane, des jeux en bois, une haie comestible ainsi que des arbres fruitiers viendront bientôt compléter le tableau. « C’est vrai que tout n’est pas prêt pour la rentrée, mais il faut savoir être patient avec la nature », relève Myriam Texier. La nouvelle directrice de l’école Jacques-Brel est enthousiaste à l’idée d’investir ces nouveaux espaces. Surtout que l’« école dehors » est devenue très populaire. « Nous allons observer les fruits jusqu’à leur maturité, faire des tartes et des compotes et lancer dans cette cour de nouvelles actions pédagogiques qu’on n’imagine pas encore. »
Un seul bémol, le prix. Réaménager la seule cour de Jacques-Brel a coûté près de 400 000€. « A cause de cela, on ne pourra pas aller aussi vite qu’on le voudrait », admet Pierre Nenez. Surtout que onze écoles ont bénéficié en parallèle de l’opération Rue des écoles pour sécuriser les accès aux établissements. Seul le projet de Paul-Blet a été budgétisé mais la concertation, plus longue que prévue, a reporté les travaux à 2023. Et ailleurs ? Quelques jardinières et des potagers sont installés au gré des demandes. Une façon de reconnecter les petits urbains avec la nature.
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