L’Ensma « au cœur d’enjeux sociétaux »

A 61 ans, Majdi Khoudeir a pris la direction de l’Ensma en lieu et place de Roland Fortunier. L’ex-directeur de l’IUT de Poitiers souhaite avant tout que l’école d’ingénieurs de la Technopole participe à la résolution de problématiques sociétales.

Romain Mudrak

Le7.info

Vous avez pris le temps de « faire connaissance avec l’Ensma » avant de candidater sur ce poste. Quelles sont les forces de l’école que vous avez identifiées ?
« Les points forts de l’Ensma résident dans son potentiel humain, en particulier en recherche. Il n’y a qu’à voir le classement de Shanghai sur les thématiques mécanique et ingénierie. Et puis l’Ensma participe à la construction des étudiants grâce à la fois à des contenus scientifiques solides mais aussi à une vie associative intense propre à l’école. Ce savoir-être est très recherché par les entreprises. Roland Fortunier a su développer l’alternance, il faut maintenant asseoir cette stratégie en augmentant les effectifs. A l’IUT, j’ai ouvert dix formations en alternance en dix ans. J’y crois. Cela favorise un ancrage fort sur le territoire avec les industriels. En parallèle, la dimension internationale avec la Chine, le Vietnam, et récemment avec l’Algérie doit être pérennisée. »


Quelles pistes de développement anticipez-vous ?
« L’Ensma est au cœur de nombreux enjeux sociétaux, la mobilité, l’énergie. Notre rôle est de contribuer à trouver des solutions en matière de sobriété et de diffuser le savoir à la société. La connaissance permet de donner du sens à une démarche, afin qu’elle ne soit pas ressentie comme une contrainte. Par ailleurs, l’école est pourvoyeuse d’innovations. Il est nécessaire maintenant de pousser la logique vers le transfert de technologie, la création de startups. »

Avant de partir, Roland Fortunier a évoqué des évolutions nécessaires de la maquette de formation. Quelles sont-elles ?
« Concernant la formation initiale, la maquette a été retouchée à la marge au fil du temps. Mais avec les nouveaux enjeux sociétaux, une question se pose : quels sont les domaines émergents qu’on anticipe grâce à nos laboratoires de recherche et qui doivent intégrer la formation des ingénieurs ? L’intelligence artificielle, la cybersécurité, les notions de décarbonation… Il faut formaliser tout cela. C’est une occasion de garder une longueur d’avance sur les problématiques. A nous aussi d’introduire davantage les outils numériques pour nous adapter aux rythmes d’apprentissage des étudiants. »

L’extension de l’Ensma et la création du Futurolab(*) sont annoncées depuis plusieurs mois. Les échéances ont-elles évolué ?
« Pour moi, l’échéance est fixée à 2024. Mais ma démarche consiste à démarrer tout de suite un Futurolab hors les murs. L’essentiel, c’est ce qu’on y fait. Ce n’est pas le bâtiment qui fait le projet, c’est l’humain. Il n’y a pas de remise en cause, l’argent est là et cela s’inscrit dans la dynamique de Poitiers capitale de l’éducation. »

L’Esigelec a obtenu en juillet l’autorisation de délivrer le titre d’ingénieur à Poitiers à partir de 2023. Son implantation ne plaît pas à tout le monde (lire Le 7 n°570). Est-elle complémentaire ou concurrente ?
« Je ne résonne pas en termes de privé et public, d’autant que le privé est accrédité par l’Etat. Les missions sont les mêmes. Si l’Esigelec vient, c’est qu’elle répond à un besoin. L’émulation fait partie du jeu. A nous de transformer cela en projet constructif et d’additionner nos forces. Nous devons apprendre à nous connaître et discuter. Cette école va attirer tout un écosystème. »

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