Les médicaments non utilisés bons à trier

Dans le cadre de Cyclamed, 87% des Français déclarent déposer leurs médicaments non utilisés chez le pharmacien. En Nouvelle-Aquitaine, cela équivaut à 2,6 boîtes par patient chaque année.

Claire Brugier

Le7.info

Selon une étude de l’Institut BVA réalisée en mars dernier, la collecte des médicaments non utilisés (MNU) est stable en France alors même que les ventes diminuent d’environ 1% tous les ans. Le recyclage via Cyclamed semble bel et bien entré dans les mœurs. En 2022, soit presque trente ans après la mise en place de ce dispositif national de tri et de valorisation des MNU, 87% des Français déclarent les déposer chez le pharmacien, dont 58% systématiquement. Ainsi, sur la quarantaine de boîtes achetées par habitant chaque année, 2,44 (2,6 en Nouvelle-Aquitaine) sont rapportées dans les officines. Elles atterrissent dans des cartons identifiés Cyclamed qui sont ramassés par les grossistes répartiteurs avant d’être acheminés vers des unités de valorisation énergétique. 
« Non seulement ce n’est pas contraignant et c’est gratuit mais, en tant que pharmacienne, il me semble normal de le faire », explique Françoise Rogier, aux Trois-Cités à Poitiers. Comme elle, 71% des pharmaciens considèrent le dispositif Cyclamed comme indispensable (étude 2022 de I’Institut Imago) et, depuis 2020, ils sont de plus en plus nombreux à aller au-delà de l’obligation réglementaire et du simple macaron collé sur la vitrine. « Nous en parlons plus particulièrement lorsqu’il y a un changement de traitement, pour s’assurer que le patient ne continuera pas à utiliser le produit, au risque d’ingérer deux fois la même molécule », note Françoise Rogier qui observe des flux plus importants « pendant les vacances de Noël et d’été, lors de déménagements ou à la suite de la perte d’un être cher ».

Dimension environnementale

Pour 81% des personnes interrogées dans le cadre de l’étude BVA, la motivation principale qui pousse à ne pas jeter ses MNU comme des déchets ordinaires est la préservation de l’environnement. La sécurité sanitaire arrive en deuxième position (65%). « Ce n’était pas le cas à l’origine de Cyclamed, c’était alors la sécurité sanitaire domestique qui prévalait. Depuis deux ou trois ans, la dimension environnementale devient prépondérante », 
explique Bénédicte Niérat, responsable communication. En parallèle, « le tri affiné, qui consiste à séparer les emballages vides, les étuis en carton et notices en papier pour les mettre au tri sélectif, progresse ». 
Il atteint cette année 64% des 9 833 tonnes de médicaments récupérés par Cyclamed. « Il convient de bien distinguer les médicaments de tout ce qui est parapharmacie, comme par exemple les compléments alimentaires. Sur le site Internet de Cyclamed, un moteur de recherche permet de vérifier. » 


Toutefois, avant de trier, on peut aussi rationaliser la consommation. A ce titre, « nous conseillons aux patients de ne pas retirer les médicaments prescrits sur l’ordonnance s’ils en ont encore suffisamment chez eux », note Laurence Métayé, pharmacienne à Châtellerault. 


En invitant les pharmaciens à la « dispensation à l’unité », la loi Anti-gaspillage pour une économie circulaire (Agec) du 1er janvier 2022 va dans ce sens. Mais le flou des préconisations, notamment en matière de transmission des données à la Sécurité sociale et aux mutuelles, de traçabilité ou encore d’étiquetage, n’est guère incitatif…

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