Les banques 
rationnent le crédit

Entre hausse des taux et resserrement des conditions d’emprunt, le marché de l’immobilier subit un bouleversement inédit depuis quelques années. Le temps d’une nouvelle régulation.

Arnault Varanne

Le7.info

Olivier Constantin ne s’en cache pas , « l’environnement économique est complexe en ce moment ». A l’inflation (6%) sur tous les produits de la vie courante, s’ajoute une hausse des prix de l’énergie et des matières premières, conséquence sonnante et trébuchante de la guerre en Ukraine. « L’actualité est très anxiogène, concède le directeur général du Crédit agricole de l’Aquitaine et président du Comité régional des banques FBF Nouvelle-Aquitaine. En même temps les banques ont une vision des comptes d’exploitation des professionnels et des individus. Et les résultats commerciaux et financiers sont très corrects, sur la lancée de la crise sanitaire, où les pouvoirs publics ont beaucoup soutenu les ménages et les entreprises. »

Comment expliquer la contraction nouvelle du marché de l’immobilier ? Près de 50% des demandes de prêts seraient refusées. Ce que Magalie Mue, à la tête de MCF à Poitiers, constate tous les jours. « Les banques n’ont pas arrêté de prêter, mais très peu de dossiers sont éligibles et mes clients ne comprennent pas pourquoi. Il faut se battre au cas par cas », atteste la dirigeante de MCF Conseil. La question se pose avec d’autant plus d’acuité que 
« la capacité d’achat et d’emprunt reste forte » et que la France a dépassé le cap du 
1,2 million de transactions l’année dernière. Deux facteurs tiennent lieu d’explication. D’abord la réglementation 
« plus contraignante » pour les primo-accédants et ceux qui investissent dans le locatif. Ensuite la hausse progressive des taux, qui n’a été 
désormais corrélée au taux d’usure (3,03% pour les crédits de moins de 20 ans) depuis le 1er octobre 2022. Ce 
« mécanisme de protection du consommateur » vise à éviter la surchauffe artificielle.

« +5% de financements sur une année glissante »

« Dans le conscient ou l’inconscient, on a l’impression qu’un taux réduit ne coûtait rien. Mais même si les taux progressent, leur niveau n’est pas encore pénalisant pour nos clients », assure Olivier Constantin. Et histoire de tordre le cou à cette idée que les banques ne prêtent plus, le représentant de la FBF assure que « sur une année glissante, la croissance du financement est de plus de 5% » 
par rapport à la période précédente. Reste que la hausse des taux, le ralentissement de la construction de logements, la hausse des prix de l’énergie risquent bien de dégrader la situation durablement. Après l’âge d’or, la période de vaches maigres ? Les bailleurs sociaux le craignent eu égard à la montée du taux du livret A (p. 11) et les courtiers font preuve d’un optimisme très mesuré (p. 12). 2023 s’annonce sous le signe de l’incertitude.

DR Adobestock

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