Sages-femmes 
même hors naissance

Qui dit sage-femme dit accouchement. Oui… et non ! La profession, qui n’a cessé d’évoluer ces dernières années, inclut bien d’autres compétences souvent méconnues.

Claire Brugier

Le7.info

« Si les sages femmes ont longtemps été cantonnées au rôle d’accoucheuses, à l’instar de toutes les professions de santé, leur rôle, leur domaine de compétences et leur champ d’action n’ont cessé d’évoluer, de s’élargir et continueront de le faire », lisait-on en octobre 2021 dans l’introduction du projet de loi présenté par la députée Annie Chapelier et adopté définitivement ce lundi soir. De fait, depuis une dizaine d’années, les prérogatives de ces professionnelles de santé se sont largement étendues, que ce soit à leur initiative, pour répondre aux besoins de la société, ou les deux. Pour autant, « aujourd’hui encore, beaucoup de femmes méconnaissent nos compétences », 
constate Audrey Gros. Diplômée en 2000, la professionnelle a longtemps travaillé en milieu hospitalier avant de s’installer en libéral à Gençay et Civray. De là, le cabinet de gynécologie le plus proche se trouve à… Poitiers. « Nous ne sommes pas gynécologues mais nous sommes compétentes pour tout ce qui est dépistage, prévention et prescription chez les femmes en bonne santé. » La réforme date de 2009. « C’est devenu une nécessité car de moins en moins de gynécologues s’installent en libéral », note Sylvie Guinot, vice-présidente de l’Ordre des sages-femmes de la Vienne, par ailleurs directrice de l’Ecole poitevine. A contrario, de plus en plus de sages-femmes exercent en cabinet, 34% en 2021 contre 20% en 2012 à l’échelle nationale. « Sans elles, dans la Vienne, l’offre gynécologique serait concentrée sur Poitiers et Châtellerault. »

Des compétences 
encore méconnues

Le département compte environ 170 sages-femmes, dont 38 en libéral, une poignée au sein de la Protection maternelle infantile et la majorité dans le secteur hospitalier, public ou privé. Pour Audrey Gros, qui a éprouvé les deux, « la différence est dans le suivi au long cours. En structure, il y a un fort turn-over des patientes alors qu’en libéral on a davantage le temps de travailler la relation ». Au suivi gynécologique se sont ajoutées en 2016 la pratique des interruptions volontaires de grossesse médicamenteuses (sous certaines conditions de formation et de proximité avec un centre d’orthogénie), et depuis la crise sanitaire la vaccination, contre la Covid-19 puis « pour tous types de vaccins », note Sylvie Guinot. Naturellement, la formation initiale évolue. La directrice de l’Ecole poitevine est davantage inquiète des effectifs. Seuls 
17 nouveaux élèves ont fait leur entrée dans le cursus cette année, pour 26 places ouvertes, sur un effectif total de 90 dont trois futurs maïeuticiens. La tendance est également à la baisse en France, de 20% en moyenne. En cause, les contraintes horaires liées à la profession ? 
La rémunération, pas toujours attractive après cinq ans d’études ? « Le manque de reconnaissance, glisse Audrey Gros. Mais cela fait longtemps qu’on le dit… » Longtemps en effet que la profession réclame d’être considérée comme médicale au même titre que les dentistes ou pharmaciens.

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