Sciences Po à l’heure écolo

En janvier, Sciences Po a lancé son cours de
« culture écologique », obligatoire pour tous ses étudiants de première année. Il a vocation à donner les outils d’analyse pour mieux comprendre les enjeux environnementaux de l’époque.

Steve Henot

Le7.info

En 2018, sous l’impulsion de Greta Thunberg, la jeunesse mondiale s’est mobilisée pour obliger les gouvernements à intensifier leur action contre le réchauffement climatique. Depuis, il n’y a pas une remise de diplômes des grandes écoles -AgroParisTech, Polytech, Sciences Po- sans un appel fort à répondre aux enjeux environnementaux du XXIe siècle. « Il ne sera plus possible d’exercer un poste de dirigeant sans être formé sur ces sujets, estime Mathias Vicherat. Je souhaite que Sciences Po, comme elle l’a toujours été au cours de son histoire, soit à l’avant-garde. »

C’est ainsi que le directeur a lancé un cours obligatoire de 
« culture écologique » pour les étudiants de première année, dans chacun des sept campus de Sciences Po. Dont Poitiers, où 140 étudiants ont éprouvé ce cours magistral de dix-huit heures, sur une semaine de janvier. Mais qu’est-ce que la « culture écologique » ? C’est aborder la question environnementale à travers le prisme des cinq disciplines des sciences humaines : l’économie, la géopolitique, l’histoire, les sciences politiques et la sociologie. 
« Il faut repenser notre façon d’habiter le monde et donc se réinventer, ce qui nécessite d’avoir les outils d’analyse pour décrypter et comprendre les enjeux environnementaux, explique Aurélie Luneau, professeure associée, chargée de dispenser cet enseignement à Poitiers. Nos étudiants doivent être en capacité d’appréhender le monde d’aujourd’hui pour façonner celui de demain. »


« Ça concerne 
tout le monde »

Ce cours magistral est piloté par Pierre Charbonnier, chargé de recherche au CNRS et chercheur au centre d’études européennes et de politique comparée de Sciences Po, mais façonné en collaboration avec les autres enseignants de Sciences Po. « Même nous, on en ressort augmentés », savoure Aurélie Luneau. Les étudiants ont aussi bénéficié de six heures d’enseignement complémentaire avec des intervenants experts : pour le campus poitevin, Sabrina Gaba, directrice de recherche à l’Inrae Zone Atelier Plaine & Val de Sèvre, et Gérard Blanchard, chercheur en océanographie et en écologie marine. « Il était important que les étudiants aient un regard scientifique, avec des témoins et acteurs de la transition écologique », indique Aurélie Luneau.


Cette grande première fera l’objet d’une évaluation par les étudiants et les enseignants. « Le cours a rempli sa mission, observe déjà Sophie Leclercq, responsable pédagogique à Sciences Po Poitiers. Il n’est pas tellement fait pour ceux qui étaient déjà investis sur ces questions écologiques. Mais certains ont pris conscience de leur caractère transversal, qu’elles sont au cœur des sciences humaines et sociales. On leur a montré que ça concerne tout le monde. »

DR - Sciences Po Poitiers et Benjamin Galy

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