Une image vers le passé

La vulgarisation scientifique passe aussi par le dessin. Jusqu’au 8 juillet, l’Espace Mendès-France rend hommage au travail de l’illustrateur Benoît Clarys, qui représente à l’aquarelle des scènes de l’époque préhistorique à partir de fouilles archéologiques.

Romain Mudrak

Le7.info

Au départ, il était dans la pub… Et puis un beau jour de 1986, Benoît Clarys a reçu par erreur le bulletin d’information du Musée du Malgré-Tout, situé à Treignes en Belgique. Passionné depuis tout petit par l’archéologie, il voit cela comme un signe, contacte les propriétaires et participe dès l’année suivante à sa première campagne de fouilles. Le coup de foudre. A partir de là, Benoît Clarys s’est spécialisé dans l’illustration archéologique. De quoi s’agit-il ? « Je réponds à la demande des archéologues qui désirent vulgariser leur discours par un dessin, autrement dit mettre en images leurs travaux de recherche pour s’adresser à un plus large public », explique le sexagénaire aujourd’hui installé en Ardèche.


Au fil des années, Benoît a multiplié les chantiers de fouilles en Belgique et en France, et échangé avec de nombreux experts. « J’ai une préférence pour la période mérovingienne. » De quoi se forger une solide expérience et susciter l’intérêt de nouveaux musées. Surtout quand ces derniers sont sortis de leur univers austère pour s’ouvrir à la didactique. « Je connais le sujet comme un amateur averti. Je parle le même langage que les archéologues, s’ils veulent que je dessine une maison rubanée d’il y a 5 500 ans, ils n’ont pas besoin de m’expliquer longtemps. »

Le reflet de la science

Ses aquarelles sont le reflet de la science, de ses avancées comme des débats qui opposent parfois les experts. Son illustration intitulée la Rencontre en est l’exemple parfait. « En 1989, j’ai dessiné un Cro-Magnon grand, typé européen et un Néandertal plus petit, bouclé et de type nord-africain. Mais avec le développement des analyses ADN, on s’est rendu compte que c’était très probablement l’inverse. Le Cro-Magnon avait certainement une couleur de peau d’Africain du Nord, alors que le Néandertal avait tendance à être roux à peau blanche. En moins de vingt ans, ma première illustration est devenue obsolète. » Benoît Clarys a ainsi tracé les contours de la Nouvelle Rencontre en 2014 (notre photo).

Cet illustrateur archéologue n’interprète pas. Certains éléments sont très documentés, comme l’épée du cavalier celte dont un exemplaire figure dans l’exposition. Pour tout ce que la science ne sait pas encore, Benoît Clarys utilise habilement le flou. A l’ère des images de synthèse, ses aquarelles sont encore très demandées. Elles ont le mérite de montrer « le passé comme si vous y étiez ». C’est le titre de cette exposition à voir jusqu’au 
8 juillet. Tarifs : de 3,50 à 6€.

À lire aussi ...