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Comment appliquer l’objectif du Zéro artificialisation nette à l’échelle de Poitiers ? En attendant le nouveau Plan local d’urbanisme intercommunal, la municipalité se dit exigeante et les riverains vigilants face aux (trop ?) nombreux programmes immobiliers.
Dans le quartier du Pont-Neuf, les programmes de construction se succèdent. Et depuis bien trop longtemps au goût des riverains. Même si les instructions de permis de construire se sont taries au premier semestre de cette année, le secteur a concentré depuis 2020 près d’un quart des projets immobiliers sur la ville, soit neuf opérations pour 608 logements, et les propriétaires continuent à faire face aux sollicitations de promoteurs intéressés par leur bien et prêts à y mettre le prix. « On a un exemple rue de la Chatonnerie où le propriétaire d’une maison s’est vu proposer presque trois fois son prix », cite Dominique Leblanc, le président du comité « Autour du Pont-Neuf ».
L’objectif Zéro artificialisation nette (ZAN) inscrit dans la loi Climat et résilience d’août 2021 semble décidément loin, y compris pour les élus. « Nous sommes encore dans l’expectative, sur ce qui est inclus ou non dans le terme d’artificialisation, sur les bornes temporelles… » confie Aloïs Gaborit, adjoint à l’Urbanisme et au Foncier. A défaut, pour « redensifier la ville et la reconstruire sur elle-même », la collectivité s’accroche à sa Charte d’engagement pour un urbanisme résilient -rédigée en juin 2021 mais sans valeur légale-, à la restitution du dispositif Territoires pilotes de sobriété foncière au début de l’été, et au PLUI attendu pour « fin 2025 ». Comme son nom l’indique, le Plan local d’urbanisme intercommunal élargit considérablement le périmètre de la réflexion par rapport au PLU actuellement en vigueur. « Aujourd’hui, il faut penser l’urbain en multisites, assène Aloïs Gaborit. Si on densifie ici, on végétalise là. Il nous faut dézoomer. » Et faire avec l’existant.
4 500 logements vacants
« A Poitiers, les dents creuses représentent 1 211ha », remarque l’élu. A cela s’ajoutent les logements vacants, autrement dit vides depuis plus de trois mois, au nombre de 4 500 (8%) et les logements sous-occupés estimés à 28 000. « La typologie ne correspond pas aux besoins, ce qui explique pourquoi nous avons besoin de construire. Mais nous souhaitons travailler avec les promoteurs pour avoir des logements évolutifs. » Plusieurs pistes sont envisagées, qui seront présentées en septembre lors de la restitution du Plan d’aménagement et de développement durable, préalable au PLUI. « Nous réfléchissons par exemple à des modèles de portage dans lesquels, en échange d’une réhabilitation de son logement, le propriétaire autoriserait qu’une partie de son terrain soit laissée à la construction, ce qui permettrait de respecter le parcours de vie des gens tout en densifiant la ville. » A plus court terme, « nous sommes exigeants avec les promoteurs sur les matériaux utilisés, le respect du voisinage… Parmi eux, il y a des locaux, toujours, et on voit arriver de gros nationaux, parfois en mode bulldozer mais le marché local les amène progressivement à changer de logiciel. » Le pouvoir d’attraction des villes moyennes ajouté à un foncier qui se raréfie ailleurs et à la loi Pinel de défiscalisation sont autant de vents contraires au ZAN. Et ils soufflent sur la ville.
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