Le vinyle à contretemps

La médiathèque de Ligugé est l’une des rares du département à proposer un secteur vinyles. La « faute » à Rodolphe Collet. La fameuse galette a pour elle de réunir deux des passions du bibliothécaire, l’histoire et la musique.

Claire Brugier

Le7.info

« Je ne suis pas un passionné de vinyles », se défend Rodolphe Collet. Mais de musique, d’histoire, de science-fiction assurément. Ce n’est pas un hasard s’il est à l’origine de la création en 2017 d’un secteur vinyles au sein de la médiathèque de Ligugé, l’un des rares dans la Vienne. Une évidence aux yeux, ou plutôt aux oreilles du bibliothécaire. « Depuis 2015, les prêts de CD s’écroulaient et, parallèlement, les achats de vinyles remontaient… Et puis je suis assez vieux pour les avoir connus, et c’est vrai que c’est un format assez génial. » Par des achats ou par des dons, la collection de disques -près de 120 aujourd’hui- s’étoffe doucement. Le répertoire est éclectique, de Count Bazie à David Bowie, de Django Reinhardt à Lana Del Rey, de Leonard Cohen à Orelsan, et pour les locaux de Malik Djoudi à LaBulKrack. En 2021, la valisette de prêt contenant un tourne-disque n’a été rendue à la médiathèque que pour mieux être réempruntée. Mais il est également possible d’écouter sur place. « Il était important que la musique reste physiquement présente dans la médiathèque. Dans le contexte actuel de dématérialisation, où la musique est en ligne, déconnectée de son support, le vinyle reste un vrai objet, has-been pour certains, vintage pour d’autres. » Comme pour sa fille qui, à 16 ans, lui a réclamé un tourne-disque.

Transgénérationnels

« Aujourd’hui, les ados ont accès à toutes les musiques. Autour des vinyles, on peut montrer que les artistes ne partent pas de rien, que de nombreux morceaux sont des « samples » (ndlr, créés à partir d’extraits d’autres productions). » Mieux encore, 
« l’industrie musicale s’est forgée à partir des 45 et des 33 tours, assène le pas-passionné-mais-presque. Car le format de chanson de 3 minutes était à l’origine lié à une contrainte technique. Quand le vinyle a commencé à disparaître, les groupe de rap et d’électro ont continué à en presser, pour les DJ. » Quant à l’objet en lui-même, « on a l’image de galettes noires mais il en existe de toutes les couleurs », rappelle le mélomane, exhibant le disque bleu acier de Radiohead ou le rouge tourmenté de Metallica. 
« Ecouter un vinyle répond à tout un rituel, il faut bien poser le bras. Cela permet une réappropriation du temps d’écoute de la musique, on voit la musique en train d’être lue. Alors qu’avec des écouteurs dans les oreilles, on fait souvent autre chose. »

Chez lui, Rodolphe Collet a conservé les disques de ses 14 ans, l’album If de Bernard Lavilliers et Nothing like the sun de Sting. Quelques autres sont venus compléter la liste, 
« un album de William Sheller, un autre de Brel récupéré de [sa] mère… Ah et aussi la musique de Ghost in the Shell ». La SF, encore une autre histoire...

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