La conduite à 17 ans interroge

A un mois et demi de la mise en place de la mesure, les auto-écoles s’interrogent encore sur les contours exacts du projet de loi autorisant l'obtention du permis à 17 ans.

Eva Proust

Le7.info

A partir de janvier 2024, il sera en théorie possible de passer le permis et de conduire dès 17 ans. Annoncée en juin par la Première ministre Elisabeth Borne, cette décision a été prise à l’issue du Conseil national de la refondation afin de permettre aux jeunes de s’émanciper et de mieux accéder au marché du travail, notamment en milieu rural.

« J’avais déposé une proposition de loi en mars dernier pour recenser les aides de la plateforme Un jeune un permis, élargir le CPF (compte personnel de formation, ndlr) a tous les permis et recruter davantage d’inspecteurs du permis de conduire, liste Sacha Houlié, député Renaissance de la Vienne. Lors de l’examen de cette loi, la volonté d’avancer l’âge du permis s’est présentée comme un moyen d’offrir plus d’indépendance aux jeunes. »

Un flou sur la loi

De leur côté, les auto-écoles sont dans le « flou total ». Le responsable de Manu école de conduite, à Châtellerault, regrette le manque de communication du gouvernement sur cette mesure. « Il y a eu un effet d’annonce quand beaucoup de jeunes sont venus demander de passer le permis à 17 ans. Mais tant qu’on n’a pas les directives, on ne peut rien prévoir… J’ai l’habitude de me débrouiller car c’est souvent comme ça qu’on fonctionne. On manque déjà de créneaux pour faire passer le permis et on ne connaît pas l’impact sur les demandes… »

Le futur texte devra également répondre à la question de la responsabilité en cas d’accident. A l’heure actuelle, le Code pénal ne prévoit pas les mêmes sanctions selon qu’il s’agisse d’un mineur (juge des enfants) ou d’un majeur. Interrogé à ce propos, Patrice Bessone, président national Mobilians éducation et sécurité routière, avait garanti que le conducteur serait « toujours responsable, peu importe son âge ».

Pas plus de risques à 17 ans

Le passage du permis à 17 ans est déjà autorisé, mais avec conduite encadrée dans l’attente de la majorité. A partir de 2024, la conduite sera donc autonome dès l’obtention du permis. « Je ne me prononce pas pour ou contre, j’attends de voir ce que contient la loi, poursuit le responsable de l'auto-école. Il ne faudrait pas se calquer sur le modèle américain car nos routes sont plus difficiles à pratiquer, avec plus de signalétique. »

Face aux inquiétudes des auto-écoles, Sacha Houlié se veut rassurant, au moins sur les délais. « 26 des 100 inspecteurs promis ont déjà été recrutés. Il y aura certainement un risque d’affluence au moment de l’adoption de la loi mais qui devrait se lisser progressivement. » Autre question cruciale : est-ce trop tôt de conduire à 17 ans ? Selon le parlementaire, la question de la capacité des jeunes à appréhender la route ne se pose pas. « On entend des critiques sur l’accidentologie des 18-24 ans, mais cette statistique est liée à la récente obtention du permis et non à l’âge. Le risque est le même pour de nouveaux conducteurs de 40 ans. Avec l’accès aux deux-roues dès 14 ans et l’usage des vélos et trottinettes, la plupart des jeunes sont déjà familiarisés au Code de la route et aux réflexes à avoir. En ruralité, le permis est d’autant plus indispensable pour eux. »

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