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Deux-Sévrienne d’origine et directrice de la Compagnie 28, Elise Noiraud sera sur la scène du Théâtre-auditorium de Poitiers du 10 au 13 janvier avec trois spectacles, à voir séparément ou à la suite. Trois seul-en-scène inspirés de sa vie.
Quel a été votre parcours en quelques mots ?
« J’ai grandi à La Mothe-Saint-Héray, dans le Sud-Deux-Sèvres, j’ai été lycéenne à Melle. Après mon bac, économie avec option théâtre, je suis allée à l’université à Paris, en Lettres modernes, puis je me suis tournée plus résolument vers le théâtre que j’avais pratiqué de manière sporadique depuis l’enfance. Je suis allée pendant trois ans dans une école privée, les Ateliers du Sudden, et à la fac où j’ai passé deux masters, l’un en recherche en études théâtrales et l’autre en mise en scène et dramaturgie. Mon envie de théâtre est très liée à l’enfance, les petits projets menés à l’école, au collège les spectacles mis en scène de la chorale… Tout ce qui contribue à l’expérience artistique de jeunesse. »
De comédienne, pourquoi être passée à l'écriture et la mise en scène ?
« J’ai d’abord été comédienne parce que lorsque l’on veut faire du théâtre, le premier endroit de pratique est le jeu. Puis mettre en scène a été pour moi un moyen de me sentir libre. Dans les projets que je crée, ce qui m’intéresse vraiment beaucoup est de mettre le réel sur la scène du théâtre, et donc d’être dans des codes de jeu très réalistes pour engager de vraies émotions et parler aux gens de leur vie, pour provoquer un effet de miroir. J’aime à travers un parcours singulier faire écho à des questions universelles. En s’emparant de certains sujets, le théâtre, comme le cinéma ou les livres, nous allège. »
Dans quelle mesure ce triple spectacle s’inspire-t-il de votre vie ?
« Il est autofictionnel : il est inspiré de mon vécu mais je m’autorise les outils de la fiction. Tout est vrai et tout est faux. Ce n’est pas un documentaire sur ma vie, ce qui serait chiant (sourire). Dans les trois spectacles, le personnage est mon double fictionnel à 9, 13 et 19 ans, donc dans l’enfance, l’adolescence et à l’âge adulte. J’ai imaginé les spectacles indépendamment mais ils créent le chemin d’un personnage. Les jouer sous leur forme intégrale offre une expérience d’un temps long. Pour les spectateurs, ce sont quatre heures et demie de spectacle, avec des entractes pendant lesquels ils peuvent boire et manger. C’est un peu comme une série au théâtre, qui interroge sur qu’est-ce que c’est que grandir. Au début j’étais très prudente, je n’aime pas la thérapie sur scène. Mais le premier spectacle a beaucoup parlé aux gens et je n’avais pas fini de raconter les liens familiaux, j’ai donc écrit le deuxième, puis le troisième. Pour moi, c’est très joyeux. Je parle de ma vie avec humour et gravité à la fois. Pour beaucoup de gens, il y a un tabou autour de la famille, quelque chose de subversif à penser des choses sur son histoire familiale, à en faire une œuvre publique. L’injonction forte à aimer sa famille fait que l’on gomme l’ambivalence des rapports familiaux. Le spectacle montre que ce n’est pas grave, qu’on a le droit de faire ça et que ça ne tue personne. »
Vous l’avez présenté l’an dernier au Moulin du Roc, à Niort. Chez vous donc…
« C’est toujours un plaisir de revenir dans ma région. Jouer à Niort a été très particulier. Dans le public il y avait mes profs de collège, mes copains de lycée… C’était très chouette, avec une grande charge émotionnelle. Et puis, même si le spectacle porte des valeurs universelles, il y a des références locales que les gens du coin savourent particulièrement, cela ajoute une plus-value. »
Quels sont vos projets pour après ?
« Je suis actuellement en tournée avec Ressources humaines, que je jouerai d’ailleurs à Niort le 23 janvier. Je travaille aussi sur la suite de la trilogie (sic), un chapitre IV, ainsi que sur une adaptation de La Loi du marché, de Stéphane Brizé, ma troisième reprise d’un film, toujours avec la même équipe. J’ai un goût particulier pour les récits qui mêlent questions intimes et sociales, et elles sont pas mal traitées au cinéma. J’aime m’emparer d’un objet que je peux adapter dans un autre format. »
Elise Noiraud, Chapitre I : La banane américaine, le 10 janvier à 19h30 ; Chapitre 2 : Pour que tu m’aimes encore, le 11 janvier à 19h30 ; Chapitre 3 : Le champs des possibles, le 12 janvier à 19h30 ; Elise (trilogie, 4h30 avec entractes), le 13 janvier à 17h, au Théâtre auditorium de Poitiers.
Crédit photo : Béatrice Cruveiller
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