Libération : commémorer pour ne pas oublier

A l’occasion du 80e anniversaire de la Libération de la France, plusieurs communes de la Vienne se mobilisent de manière exceptionnelle. Une façon d’entretenir la mémoire et susciter l’intérêt des plus jeunes.

Charlotte Cresson

Le7.info

Mardi 8 mai 1945. 23h01. La capitulation libère l’Europe d’un conflit qui aura duré six ans et fait entre 40 et 
60 millions de morts. La France est en liesse. Il faut désormais se relever et ne jamais oublier. Dès 1946, la date du 8 mai est célébrée à travers la France pour commémorer le jour de la Libération du pays. Mais entretenir le « devoir de mémoire » n’est pas chose aisée. Le conflit a notamment longtemps fait l’objet d’un tabou. « On parlait peu aux enfants de ces sujets-là après la guerre. Il a fallu attendre une vingtaine d’années, indique le maire de Tercé, Christian Richard, fondateur d’un musée dédié au conflit. Le 
8 mai n’était d’ailleurs pas fêté à Tercé il y a vingt ou trente ans. Nous l’avons lancé avec l’ancien maire. » 


Une année particulière

La date est aujourd’hui un incontournable du calendrier français. Mais pour les 80 ans de la Libération, Béruges, Frozes, Quinçay et Vouillé vont plus loin. Ces quatre communes, en partenariat avec les associations des victimes de guerres et anciens combattants, ont en effet décidé de s’associer pour proposer quatre jours de festivités afin « d’honorer la mémoire de ceux qui ont sacrifié leur vie pour notre liberté ». Exposition, concert au répertoire des années 1940, spectacle et visites de camps militaires reconstitués sont au programme. « Nous trouvons important de faire autrement pour le 
80e anniversaire et de proposer quelque chose de festif puisque l’on célèbre la Libération, confie Alexandra Roucher, adjointe au maire de Vouillé. Il faut entretenir la mémoire. C’est d’autant plus important avec ce qu’il se passe dans le monde actuellement. » Sur place, de jeudi à dimanche, des reconstitueurs passionnés remonteront le temps et partageront leurs connaissances. Parmi eux, Thomas Dumontheil, fondateur de l’association Recollectif, prévoit de revêtir l’uniforme soviétique. « Les gens ont tendance à voir la Seconde Guerre mondiale à travers le prisme des jeux vidéo et des films qui biaisent la 
réalité. Nous allons monter des camps militaires et présenter notre matériel de façon interactive et concrète. » 


Sensibiliser 
les plus jeunes

Ces festivités visent également à toucher un large public, et notamment les enfants. « Il faut que ça interpelle, et pas seulement les passionnés. On espère que cette manifestation incitera les gens à s’intéresser à ce pan de l’histoire »,
 explique Alexandra Roucher. Les enfants des écoles des communes seront ainsi impliqués. Mais la mémoire s’entretient aussi tout au long de l’année, notamment à Tercé où « sept visites d’écoles sont prévues au musée dans les mois qui viennent », affirme le maire de la commune. Une chose essentielle aux yeux des passionnés et spécialistes à l’heure où 18% des 16-24 ans déclarent n’avoir jamais entendu parler de la Shoah(1).


(1)Etude OpinionWay, mars 2024.

DR Recollectif

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