Quand la nostalgie prend le relais

Avec Partir un jour, Amélie Bonnin offre à Juliette Armanet son premier vrai rôle au cinéma. Dans ce film musical plein de nostalgie, la chanteuse incarne une jeune cheffe prometteuse de retour dans le relais routier de son enfance.

Claire Brugier

Le7.info

Son court-métrage avait été récompensé d’un César en 2023, son premier long-métrage a ouvert mardi dernier le 78efestival de Cannes. Voilà qui augure le meilleur pour Amélie Bonnin qui, dans un exercice périlleux, s’est inspiré de l’un pour réaliser l’autre. Les deux oeuvres se partagent ainsi le même titre, Partir un jour, les mêmes acteurs principaux, Juliette Armanet et Bastien Bouillon, le même propos nostalgique. Toutefois, dans la version longue, le personnage principal est féminin. Juliette Armanet, alias Cécile, est donc de toutes les scènes. La chanteuse campe une ancienne candidate de Top Chef sur le point d’ouvrir son restaurant à Paris. Mais, son père ayant fait un troisième infarctus, la voilà qui débarque dans le relais routier de ses parents pour prêter main forte à sa mère. L’Escale, ce sont encore des meubles en formica et des nappes à carreaux rouges et blancs avec, dans les assiettes, des plats en sauce, de l’omelette, de la bavette, des frites… On est loin du plat signature qui manque à la carte de la jeune cheffe. Au bord de cette route du Loir-et-Cher, il n’y a de trace de Bocuse que dans le nom du chien. Rien n’a vraiment changé, pas même ses amis d’enfance. Cécile semble être tombée dans une faille spatio-temporelle rassurante comme le répertoire 100% variété française de ce film musical qui s’ouvre sur Stromae, se clôt sur les 2Be3 et déroule entre les deux Delpech, Dalida, Nougaro, Cabrel (juste quelques accords), K-Maro…  Et que dire de « Ces soirées-là », dont tout le monde ou presque a oublié l’interprète, un certain Yannick. 
Avec Partir un jour, Amélie Bonnin s’inscrit donc discrètement dans la lignée des Demy, Resnais et autre Honoré, loin de l’exubérant Emilia Pérez d’Audiard. S’appuyant sur un casting de qualité, la réalisatrice de 40 ans interroge l’amour et le temps qui passe. Elle confronte le passé et le présent, allant parfois jusqu’à les superposer comme dans la scène de la patinoire. Résultat : un film générationnel terriblement nostalgique. 

Comédie dramatique, d’Amélie Bonnin, avec Juliette Armanet, Bastien Bouillon (1h38).

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